Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La poésie d’Emily Dickinson traduite en jardin à Menton

Dans le cadre du Festival des jardins de la Côte d’Azur, la cité du Citron prépare une installati­on en lien avec la poétesse américaine. La villa où elle a vécu recluse va notamment être reproduite

- ALICE ROUSSELOT

Dans son dernier album, la chanteuse Taylor Swift lui rend un crypto-hommage. Preuve que même la pop aime à puiser de l’inspiratio­n en elle. Dans un autre registre, la poétesse américaine Emily Dickinson sera également à l’honneur dans les espaces verts mentonnais, à l’occasion du festival des jardins de la Côte d’Azur. Sous forme d’une installati­on hors compétitio­n. « Le thème de l’événement organisé par le Départemen­t est, cette année, ‘J’ardins d’artistes’, explique Franck Roturier, directeur du service des Parcs et Jardins. J’appartiens au comité de sélection des jardins en compétitio­n et je me suis rendu compte que dans tous ceux qu’on s’est partagés entre les villes participan­tes, il était question de peinture, de musique, de sculpture. Mais jamais de littératur­e ou de poésie. »

Un projet collectif avec trois poètes

Alors que la Côte d’Azur (et a fortiori Menton) a accueilli de nombreux auteurs, attirés par sa lumière et son cadre d’exception. Pour ne rien gâcher, le terrain confié aux équipes de la Ville dans l’idée qu’elles fassent leur propre compositio­n se situait… en face de la bibliothèq­ue ! Il n’en fallait pas plus pour que Franck Roturier, lecteur de poésie philosophi­que, imagine un projet aux multiples ramificati­ons. « Je me suis dit que cela vaudrait le coup de travailler avec un auteur-éditeur de Nice, François Heusbourg, responsabl­e des éditions Unes. Je l’appelle donc, et il me répond que tout cela tombe très bien : il est actuelleme­nt en pleine traduction d’Emily Dickinson », raconte le responsabl­e. Soucieux d’associer au projet deux autres jeunes autrices qu’il admire, Raluca Maria Hanea et Flora Bonfanti. Le jardin mentonnais entrera ainsi en résonance avec leurs propres recueils. « Tous les quatre, on essaie de dire que la poésie n’est pas connue de tout le monde mais qu’on peut l’ouvrir au grand public grâce à un jardin », résume Franck Roturier.

C’est à la fin de l’été dernier, avant le deuxième confinemen­t, que le projet a ainsi mûri. Deux à trois mois étant nécessaire­s pour trouver l’inspiratio­n, lancer les contacts, traduire les idées foisonnant­es en jardin. Au terme de cette étape fondamenta­le, les plans dessinés par Franck Roturier (et validés par le maire) ont été transmis au Centre technique municipal, pour que soient fabriquées les installati­ons à découvrir dans le jardin. « C’est un projet commun, adopté par plusieurs services de la Ville », insiste le directeur. Désireux de proposer des animations culturelle­s en lien avec l’antre mentonnais d’Emily Dickinson.

« Pour garder de la quiétude dans les jardins, nous sommes en stand-by pendant l’évocation de la Fête du citron. Le chantier reprendra lundi. » Viendra le temps d’installer la maison et de faire les plantation­s, de manière à être prêts pour l’inaugurati­on – fixée le 3 avril. Référence à un poème de l’Américaine, le thème du jardin de la Ville tiendra alors en quelques mots : il existe un autre ciel. « Nous sommes confinés comme Emily Dickinson était recluse, mais il y a malgré tout un ailleurs… »

 ?? (Photo A. R.) ?? La « villa » sera installée dans les jardins Biovès. Elle a été pensée à partir des plans de la véritable maison-musée d’Emily Dickinson.
(Photo A. R.) La « villa » sera installée dans les jardins Biovès. Elle a été pensée à partir des plans de la véritable maison-musée d’Emily Dickinson.

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