Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Utiliser les mains plutôt que l’électroniq­ue »

Jean-Philippe Legrand, gérant du magasin Absolute cars, raconte sa passion pour la réparation des vieilles voitures.

- C. GO.

Dans son atelier, JeanPhilip­pe Legrand utilise les mains plutôt que l’électroniq­ue. Chez lui, on sublime les automobile­s qui prennent de l’âge plutôt que de s’en séparer et on cherche à comprendre une panne plutôt que de changer un moteur : « Parce que la mécanique, par bien des égards, peut aussi devenir de l’art » explique le gérant d’Absolut Cars.

Sa passion lui vient de son enfance et des nombreux dimanches après-midi passés avec son grand-père maternel à décortique­r les objets du quotidien pour en comprendre le mécanisme. Il raconte : « On aimait s’isoler de l’agitation du monde pour réparer le moteur d’une tondeuse ou autre chose. On voulait s’occuper les mains et l’esprit. Quand il est tombé malade, j’ai continué seul. »

Ce jour-là, au milieu de son garage, une Plymouth Road Runner des années 60, capot ouvert. Il se confie : «Aujourd’hui, à l’école, on n’apprend plus à faire de la mécanique. La raison est simple, l’électroniq­ue a une part de plus en plus grande sur les nouvelles voitures. Et puis, quand une pièce est défectueus­e, on change tout le système au lieu de réparer. Si j’étais obligé de travailler de la sorte, avec un ordinateur qui identifie une panne à ma place, et un stock d’éléments à écouler, mon quotidien serait d’un véritable ennui. »

« Je vends un savoirfair­e »

Sur cette voiture, il fait principale­ment de l’entretien : « Mon métier a plusieurs visages. Je vends de la réparation mais aussi de la customisat­ion, et surtout un savoir-faire. Les véhicules anciens n’aiment pas les changement­s d’habitudes. Lorsque quelqu’un vient chez moi, j’aime me dire que je ne vais pas le revoir dans les six mois avec un nouveau défaut à corriger. Alors je donne des conseils, j’explique ce qu’est un hivernage, ce genre de chose. »

Ici, le quotidien est fait de petits plaisirs mais aussi de temps morts. Puisqu’il y a les journées passées les mains le moteur et celles les yeux rivés sur un ordinateur. «Les émissions américaine­s ont donné une fausse image du métier : on imagine qu’il suffit d’un peu d’huile de coude pour réparer une voiture ancienne. C’est faux. Sur ce genre de véhicule, lorsqu’une pièce est irréparabl­e, et bien il faut en trouver une nouvelle, et les trois quarts du temps, l’usine n’en fabrique plus. Il faut donc faire une longue recherche, importer parfois, et fouiner souvent. »

Un peu plus loin dans le garage, à côté d’un ancien réfrigérat­eur américain reconverti en armoire : un Road en constructi­on. Le volant est une chaîne que l’on a fondue. Les yeux de Jean-Philippe s’illuminent : « C’est le projet de mon fils. Comme son papa, il aime bricoler. Mais il y a une nuance chez lui. Son plaisir, il ne le trouve pas dans la recherche de panne, mais dans la création. On fait le tour des casses parfois, et avec ce qu’il a réussi à trouver, il imagine un nouvel objet. D’abord il m’explique, et ensuite, si c’est réalisable on se lance. » ◗ Absolut Cars, 2483 avenue Président John Kennedy.

 ?? (Ph. C. Go.) ?? Jean-Philippe et Sacha, père et fils, ont la même passion pour les beaux engins et la mécanique. Sacha créait des bolides avec des objets de récupérati­on (le volant est réalisé avec une chaîne travaillée).
(Ph. C. Go.) Jean-Philippe et Sacha, père et fils, ont la même passion pour les beaux engins et la mécanique. Sacha créait des bolides avec des objets de récupérati­on (le volant est réalisé avec une chaîne travaillée).
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