Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Tim Dup SE MET À NU DANS LES IMMORTELLE­S

Le quatrième album du jeune auteurcomp­ositeur-interprète sort aujourd’hui. Un opus né lors de sa précédente tournée, qu’il est venu présenter à La Roquebruss­ane, dans le Var, où nous l’avons rencontré.

- KARINE MICHEL kmichel@nicematin.fr

Une voix, un texte, un piano. Et autour, des ambiances un brin cinématogr­aphiques. Voilà pour poser le décor des Immortelle­s, quatrième album de Tim Dup. Un album que le chanteur est venu présenter au domaine Les Terres promises, à La Roquebruss­ane, chez des amis varois (lire ci-contre). Un disque qui casse les codes en donnant de ce jeune auteur-compositeu­r une image qui colle à son époque : hybride et métissé.

« Mon premier disque était déjà assez hybride. Cela me permet aujourd’hui de faire des disques en étant libre, sans être trop hanté par un certain type de sons, de format de musique ; les gens ne sont pas déstabilis­és, je pense… »

Influences

Il y a, dans Les Immortelle­s ,du Raphaël dans la voix et dans le piano, du Vianney dans le texte et la guitare, du Nilda Fernandez aussi. « J’ai l’impression que tout me nourrit. Je n’ai pas vraiment de référent, ou de fantômes dans la création. J’aime des choses très variées musicaleme­nt. » Une touche que lui ont transmise ses parents, sans doute.

« Je suis aussi persuadé que les inspiratio­ns marchent par phase, à un moment donné. Je suis peutêtre revenu à des fondamenta­ux, Barbara, les Beatles, beaucoup de musique latine, ou encore du Fado avec Amalia Rodriguez. »

C’est entouré de ses musiciens, basse et guitare, que Tim Dup a commencé à écrire Les Immortelle­s lors de la dernière tournée. « Forcément, il y avait un prolongeme­nt de ce que l’on avait créé sur scène. »

Il y avait aussi l’envie de retrouver un souffle : « C’était une tournée merveilleu­se mais assez essorante et je fantasmais un peu l’après. La pause à nouveau, le silence, le temps qui se suspend. La tournée, ce sont de moments joyeux, intenses et fatigants. Dans mes compositio­ns, je suis allé chercher quelque chose de doux. Qui dit douceur dit tendresse, cela m’a amené à aborder un versant plus personnel, intime. » Une mise à nu.

Un duo avec Eesah Yasuke

Sur cet album, un superbe duo, tant dans le texte que dans l’interpréta­tion. C’est celui avec Eesah Yasuke, rappeuse de son état, qui lève la voix sur Le Fil. Ce n’est pas la première fois que Tim Dup fait appel à d’autres artistes : « J’aime bien rencontrer les gens, C’est l’occasion de sortir de sa zone de confort. J’aime aller dans leur univers et les laisser entrer dans le mien. » Après Anaïs Demoustier, Gaël Faye, Synapson, c’est donc la rappeuse qui prend le micro à ses côtés. « Quand j’écrivais l’album, j’avais envie d’un morceau qui aborde le thème des violences faites aux femmes. Je savais que musicaleme­nt, j’irai vers le hip-hop. Eesah Yasuke, je l’ai découverte au Printemps de Bourges. Il y a peu de rappeuses de sa trempe. »

Les deux artistes se sont amusés à jouer des contrastes dans cette chanson : « Sa voix est plus posée, sa tessiture est grave. Moi, au contraire, je suis en voix de tête ». Les Immortelle­s serait-il le fameux album de la « maturité » ? « On disait déjà cela du deuxième… ce sont des éléments de langage ! », dit-il en éclatant de rire. Lui que l’idée même de maturité trouble. « Jeune et les pieds sur terre, c’est de la maturité, non ? Pourtant, j’ai une vraie part d’enfance. Les artistes que j’aime sont aussi de grands enfants. Quand j’écoute Souchon, il y a quand même quelque chose de tellement souriant qu’on ne peut qu’admirer le fait que l’enfance ne l’a pas quittée. »

Le résultat, c’est un disque plus libre que les précédents :

« Paradoxale­ment, le précédent était empreint d’ivresse d’Italie, de soleil et d’été. C’était un peu plus superficie­l. Là, j’ai le sentiment d’avoir retrouvé une forme de sincérité. Quand on ouvre la porte de l’intime, de la mise en nu, on renoue avec la sincérité. Cet album n’est pas un exercice de style, les chansons ne sont pas là par hasard. »

De là à dire qu’il s’est davantage écouté cette fois-ci ? « Oui, sans doute. Notamment parce que je sentais un certain lâcher-prise au niveau du label, de l’entourage, qui sent bien que je ne suis pas un artiste NRJ mais ce n’est pas grave... On s’est fait une raison ! »

« Je ne suis pas un artiste NRJ mais ce n’est pas grave... On s’est fait une raison ! »

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Les immortelle­s. Tim Dup. 13 titres. (Columbia)

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