Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La médaille est d’argent, le silence est d’or

Vilipendé depuis la défaite des Bleus en finale du Mondial, Vincent Gérard préfère « faire fi » des commentair­es. Le Montpellié­rain Rémi Desbonnet choisit, lui, de « mettre le sujet sur la table ».

- LAURENT SEGUIN lseguin@nicematin.fr

Trois jours après la défaite des Bleus en finale des championna­ts du monde face au Danemark, Vincent Gérard a retrouvé le Var. Mais aussi son fameux vélo. Une bicyclette sur laquelle le gardien de l’équipe de France s’activait mercredi pour reprendre le chemin du palais des sports de Saint-Raphaël. Quand d’autres continuaie­nt de perdre les pédales sur les réseaux sociaux. Déraillant au point même qu’on en vienne à se demander si le rempart des Bleus n’est tout simplement pas responsabl­e de la guerre en Ukraine, ou de la flambée des prix de l’essence.

« Je n’ai pas vraiment envie de parler de tout ça », prévient le champion olympique au sujet du traitement que lui réservent ces fameux « haters », courageux haineux masqués derrière leurs écrans qui le jugent coupable de la défaite des Bleus, auxquels il a donc choisi de ne pas répondre.

« Ne pas leur accorder plus d’importance que ça »

« On est toujours content de passer sur TF1 (où la finale de l’équipe de France, diffusée en prime time, a réuni plus de cinq millions de téléspecta­teurs dimanche, Ndlr), mais toute cette déception est l’une des dérives de la médiatisat­ion que le handball recherche. Ce n’est pas forcément la partie la plus marrante de mon métier, mais tant que j’ai le respect et la confiance de mes partenaire­s en club ou en sélection, ça me va. Le reste, j’essaie de faire fi. Il faut juste ne pas leur accorder plus d’importance que ça, ne pas en faire tout un foin, et passer à autre chose », lance le gardien raphaëlois, déjà tourné vers le quart de finale de Coupe de France qui, hasard du tirage au sort, le place face à quatre de ses partenaire­s en équipe de France. Et surtout face à un certain Rémi Desbonnet avec lequel il vient de partager la cage des Bleus. Mais aussi trois semaines de vie commune et une belle complicité.

« On s’est bien entendus sur et en dehors du terrain, et on va se revoir avec plaisir », annonce Gérard au sujet de sa relation avec le Montpellié­rain. « On a été très proche tout ce mois de janvier, on a un peu la même façon de préparer les matches, dans l’analyse vidéo et celle des tireurs et on se nourrit beaucoup des visions de l’un et de l’autre », abonde Desbonnet, qui a claqué pas moins de seize arrêts en quart de finale face à l’Allemagne.

« Mais audelà du terrain, on a aussi un peu la même façon de dire des conneries et de brancher nos partenaire­s toute la journée, donc on s’est bien retrouvé là-dessus », sourit le gardien héraultais. Avant de prendre un ton plus grave quand on aborde le traitement réservé depuis dimanche à Vincent Gérard sur ces fichus réseaux sociaux...

« On reçoit tous des messages d’insultes et même des menaces »

« Je suis évidemment choqué et même révolté face à tant d’attaques personnell­es. Mais je suis aussi surpris que ce soit la première fois qu’on en parle, parce que ce n’est pas nouveau.

Jusqu’à maintenant, ça n’avait choqué personne alors que ce n’était pas moins grave pour autant, estime Desbonnet.

D’ailleurs, au-delà de ce que subit Vincent auquel j’apporte tout mon soutien, il y a un message général, un sujet à mettre sur la table. Les réseaux sociaux ne doivent pas permettre de telles attaques. Et là, on parle seulement des commentair­es, mais il faut voir les messages que l’on peut recevoir en privé. Il y a parfois des insultes et même des menaces. J’ai reçu des dizaines de messages après mon changement de club (il est passé de Nîmes à Montpellie­r en juin dernier après neuf saisons dans le Gard), et je ne suis pas un cas isolé. » Éprouvé par cet enchaîneme­nt « un peu hard » entre le Mondial et ce quart de finale, Rémi Desbonnet s’avoue « très heureux de revoir les copains » et « déterminé » à l’approche de ce rendez-vous qu’il perçoit lui aussi, comme un moyen de tourner la page internatio­nale. « Si on avait été champions du monde, on aurait eu envie de savourer, mais au vu de la déception de la finale, c’est un mal pour un bien d’enchaîner comme ça, ça permet de ne pas ressasser », conclutil.

Oui, les deux remparts des Bleus ont l’occasion de se remettre en selle, sans regarder derrière eux. Quant aux « haters », ils peuvent toujours rétropédal­er. En regardant, par exemple, la demi-finale des JO de Tokyo.

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