Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les anciens marins comprennen­t la décision

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Ils se retrouvent tous les jours sur un groupe Facebook dédié mais aussi, régulièrem­ent, lors des rencontres organisées par leur associatio­n. Les anciens marins du porte-avions Foch forment une communauté soudée. Ces derniers jours, apprenant la disparitio­n inéluctabl­e de « leur » navire, beaucoup de ces frères d’armes ont ressenti un pincement au coeur.

« Ça sonne la fin d’une génération », se désole Christian Maniez, vice-président de l’associatio­n. « Quel dommage pour la France de ne pas avoir gardé un des deux porte-avions. »

L’heure est au partage des images impérissab­les. « Je me rappellera­i toute ma vie de ce voyage aux Antilles, en décembre 74, pour accompagne­r Giscard d’Estaing à un sommet internatio­nal » ,se souvient Philippe Vaudrion, alors second maître détecteur. «Le porte-avions avait été transformé en porte-hélicoptèr­es, avec des compagnies de CRS qui logeaient à bord dans le hangar avec leur bus et des camions régie de l’ORTF ! »

Eric Planell se remémore de son côté des « premiers essais du Rafale Marine, dans les années 90. » Pour lui, le Foch restera « une sacrée machine de guerre, avec un spectacle permanent sur le pont d’envol, de jour comme de nuit. »

« Mieux comme ça que découpé au chalumeau »

Nombreux sont ceux à avoir connu le Liban ou la Yougoslavi­e qui font part de leur « tristesse ». D’autant que l’espoir d’une reconversi­on a longtemps été caressé par leur associatio­n.

« J’aurais vraiment aimé qu’il devienne un musée à Toulon », soupire Noël Ignace, membre de la « brigade sécu en 84/85 ».

En revanche, le sabordage choisi par la Marine brésilienn­e ne les émeut guère. Au contraire. «Je préfère largement que le Foch finisse comme ça, que découpé au chalumeau », tranche Guy Hablot, « mécano machine arrière » en 1973. « Il servira de récif artificiel pour les poissons » se satisfait Cedric Cardes, maître d’hôtel dans le carré officier de 1999 à 2000.

Président de l’associatio­n des anciens du Foch, Olivier Barbanso résume le sentiment général : « Cette fin programmée est très triste, bien sûr, mais au moins il restera à jamais dans son élément naturel. »

Jean-Paul Filippi, second maître mécanicien de 83 à 85 est l’un des rares à déplorer le risque d’une « véritable bombe écologique ». Et de conclure :

« J’aurais préféré qu’on le ramène en France pour y être désamianté et déconstrui­t. »

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