Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’ancien juge toulonnais Jean-Pierre Bernard est décédé

- ERIC MARMOTTANS

Au fil des ans, ce magistrat s’était spécialisé dans la délinquanc­e en col blanc. Jean-Pierre Bernard, 70 ans, est décédé le 28 janvier des suites d’une maladie neurodégén­érative méconnue. Cet ancien juge d’instructio­n avait enquêté sur des affaires retentissa­ntes, lorsqu’il était en poste à Toulon dans les années 80.

À l’époque déjà, la justice souffrait d’un manque criant de moyens. « Certains étés, je travaillai­s avec des TUC (des contrats aidés lancés en 1984) », se souvenait Jean-Pierre Bernard, cité par le journal Le Monde. Ou comment du personnel non qualifié était assermenté à la va-vite pour dépanner les magistrats. C’est dans ces années-là que le juge Bernard a été chargé de l’enquête sur le meurtre, le 28 janvier 1988 à Toulon, de l’inspecteur Michel Morandin de la police judiciaire. La procédure avait tourné court avec la mort du tueur en série Roberto Succo dans une prison italienne.

Affaires sensibles

Le magistrat s’est surtout fait connaître en instruisan­t le spectacula­ire et épineux dossier de captation d’héritage au préjudice de Suzanne de Canson. Plusieurs personnali­tés avaient été mises en cause. Sur une chaîne de télévision (La Cinq), Jean-Pierre Bernard avait évoqué des « pressions qui prennent des formes différente­s ; ce peut être des conseils amicaux, des conseils de gens que vous ne connaissez pas qui viennent vous voir pour vous dire (...) que si telle ou telle chose n’était pas faite, ça serait beaucoup mieux ». Jean-Pierre Bernard a quitté le Var en 1989 pour Lille.

En 2001, après avoir été détaché au sein de la commission des opérations de bourse, le magistrat a rejoint le pôle financier du parquet de Paris. Crédit Lyonnais, Elf, MNEF, Tapie… De quoi forger une solide expertise, mise à profit sans le cadre de l’entraide judiciaire internatio­nale (Grèce, Indonésie, Vietnam...).

Fin de carrière à Marseille

Ainsi, ce vice-procureur de la République à Paris a-t-il participé en 2010 à une mission de conseil en Croatie pour aider le pays à renforcer ses lois anticorrup­tion, en vue de son intégratio­n à l’Union européenne.

L’année 2014 a marqué le retour profession­nel de Jean-Pierre Bernard en Provence. « Arriver à Marseille et se retrouver président aux comparutio­ns immédiates, c’est difficile. Ça ne m’intéressai­t pas », confiait-il au journal La Provence au moment de prendre sa retraite, à l’âge de 65 ans, en décembre 2017. Ses obsèques se dérouleron­t ce samedi matin en l’église Saint-Georges, dans le quartier de La Serinette à Toulon. Un appel aux dons, au profit de l’Associatio­n des aidants et malades à corps de Lewy (A2MCL), a été lancé « en lieu et place de fleurs ».

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(Capture d’écran Antenne 2/INA) Jean-Pierre Bernard, en 1988, lors d’un reportage à Toulon sur l’affaire de Canson.

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