Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Aux assises, un « déshonneur » qui mène au fratricide

La cour d’assises du Var juge depuis ce vendredi Marius Garnero, accusé du meurtre de son frère commis le 2 juin 2019 à Puget-sur-Argens.

- V.

Du silence. Des mensonges. Des tergiversa­tions. En enquêtant sur la mort d’Ambroise Garnero, tué le 2 juin 2019 à Puget-sur-Argens par son frère Marius, les gendarmes de la Brigade de recherche de Saint-Tropez se sont heurtés de plein fouet aux us et coutumes de la communauté des gens du voyage. Tout comme la cour d’assises du Var, qui doit faire en cette fin de semaine avec des témoins récalcitra­nts, quand ils ne sont pas tout simplement absents.

13 balles sur la façade

Si la culpabilit­é de Marius Garnero n’a jamais fait de doute, les membres de sa famille l’ayant désigné dans la minute comme le tireur, les enquêteurs ont eu plus de mal à retracer le déroulemen­t exact des événements de cette fin d’après-midi du 2 juin. Conclue par l’arrivée à tombeau ouvert de Marius Garnero devant l’habitation de son frère Jean, arme à la main.

En furie après son neveu Frédéric qui avait entretenu quelque mois durant une relation avec sa fille, il vidait le chargeur de son HK 9 mm dans la porte de la villa. Derrière, se trouvaient ses frères Jean et Ambroise, sa bellesoeur Joséphine et son neveu Frédéric.

Un autre neveu, le petit Gino (10 ans), était dans le jardin à l’arrière. Treize balles sortaient du canon du pistolet semi-automatiqu­e. Sept traversaie­nt la porte. Trois d’entre elles atteignaie­nt Ambroise, touché mortelleme­nt au bras et au dos.

« Il a sali ma fille »

« Ça ne se fait pas de s’attaquer à sa cousine, explique benoîtemen­t Marius Garnero, questionné par le président Patrick Véron sur les raisons qui l’ont poussé à cette expédition punitive. Frédéric et Marjorie étaient

(1) comme frère et soeur. Je n’étais pas d’accord pour cette relation. Mais on avait fini par accepter la situation à contrecoeu­r, car Marjorie était amoureuse. »

Mais quand Frédéric a décidé, après quelques semaines de concubinag­e, de mettre un terme à cette histoire,

Marius a vu rouge. « Il a sali ma fille. Il aurait dû la garder, pas la rejeter. »

Alcoolisé selon ses dires, il est allé au contact de son neveu le 2 juin au South Wake Park de Puget-sur-Argens. Le jeune homme a fui, d’abord en direction de chez son oncle Ambroise puis, accompagné de celui-ci, chez ses parents, Jean et Joséphine.

Marius, pour sa part, est retourné chez lui. A pris son arme avant d’aller décharger sa rage sur la porte de l’habitation de Jean. « Je ne voulais pas tuer mon frère. Je l’aimais. Mon but était de faire peur. Pas plus… »

Dessein homicide ?

Aux gendarmes, Marius avait pourtant affirmé dans un premier temps que l’arme se trouvait déjà dans son véhicule et que seule la colère l’avait guidé chez Jean. Une version également servie par son beau-frère et un cousin qui l’accompagna­ient ce jour-là au parc de loisir. Il aura fallu l’examen de la vidéosurve­illance de l’établissem­ent pour prouver que Marius s’y était rendu en Citroën Berlingo, puis chez Jean avec une Austin Mini. Il était donc revenu chez lui entre-temps, marquant, selon l’accusation, son dessein homicide. Et la volonté de s’en cacher après son interpella­tion.

Accusé d’assassinat et de tentatives d’assassinat, Marius Garnero, 47 ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict sera rendu mardi prochain.

1. Le prénom a été changé.

 ?? (Croquis d’audience Rémi Kerfridin) ?? Quelques jours après les faits, la maison et la voiture de Marius Garnero et son épouse ont été littéralem­ent rasées. L’enquête n’a pas permis de retrouver les auteurs de cette « vengeance ».
(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Quelques jours après les faits, la maison et la voiture de Marius Garnero et son épouse ont été littéralem­ent rasées. L’enquête n’a pas permis de retrouver les auteurs de cette « vengeance ».

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