Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Harpignies UN BEAULIEU DE RÊVE

L’artiste a peint la Côte d’Azur telle qu’elle était à la fin du XIXe siècle.

- ANDRE PEYREGNE magazine@nicematin.fr

Que le rivage de Beaulieu nous semble doux ! Personne à l’horizon... Si, peutêtre, un pêcheur dans une barque. Et encore... Nulle autre présence humaine. L’intimité du contact avec la nature. Un bonheur de vivre. La douce lumière d’une fin de journée. Dans ce tableau signé Henri-Joseph Harpignies, daté de 1891, qui est conservé au Musée des exploratio­ns du monde à Cannes, nous nous trouvons sur le chemin qui va de Beaulieu à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Combien de célébrités, de têtes couronnées, le parcourron­t par la suite ! Mais, à l’époque, le tourisme n’a pas pris son essor en cet endroit de la Côte d’Azur. Parmi les gens célèbres, Nietzsche est venu y promener ses interrogat­ions existentie­lles. L’endroit est clairement identifiab­le par la présence, au loin, du sommet de la Tête de chien, laquelle domine de toute sa blancheur calcaire Cap d’Ail et Monaco. On distingue aussi, le long de la côte, la trace du train qui passe depuis 1868 et de la Basse corniche, achevée en 1883.

Un premier séjour en 1883

Henri-Joseph Harpignies est un peintre né à Valencienn­es en 1819, dans une famille fortunée d’origine belge. Presque autodidact­e, il se rapproche des peintres de l’école paysagiste de Barbizon et de Camille Corot. Apprécié pour l’originalit­é de ses coloris, pour la fluidité de sa peinture, il jouit d’une grande influence dans les milieux mondains parisiens où sa conversati­on est aussi appréciée que ses talents picturaux. Son atelier à Paris est fréquenté par des élèves du beau monde – élèves essentiell­ement féminines.

D’après l’historien Jean-Paul Potron (dans Paysages de Nice, éditions Giletta), le premier séjour d’Harpignies dans le Midi remonte à 1883 à Cannes. Il avait déjà 64 ans. En 1884, il suivit à Beaulieu une de ses élèves, la princesse d’Arenberg, qui y possédait une villa où elle se rendait chaque hiver. Il y reviendra au cours des hivers suivants, profitant de sillonner la Côte d’Azur de Cannes à Menton, en passant par Antibes et Nice. Ses toiles en portent témoignage.

À partir de 1888, il envoie régulièrem­ent des tableaux de paysages du Midi au Salon de Paris, permettant aux visiteurs de découvrir une région à laquelle l’écrivain Stéphen Liégeard vient de donner son nom de Côte d’Azur.

Influence impression­niste

« On constate chez Harpignies une influence des jeunes peintres impression­nistes, commente Marija Matejcic, chargée de collection au Musée des exploratio­ns du monde de Cannes. Il emploie une touche claire, lumineuse, vibrante pour évoquer le souffle léger du vent dans les feuillages, ou une touche épaisse pour le rendu de l’ombre. » L’observatio­n du paysage au travers d’un écran d’arbres est quelque chose que l’on retrouve dans beaucoup de peintures d’Harpignies. Un tableau de la baie de Beaulieu, à peu près semblable à celui-ci, est conservé au Musée des Beaux-Arts de Montréal. Preuve qu’Harpignies est venu planter son chevalet à plusieurs reprises en ce même lieu. Comme on le comprend !

Apprécié pour l’originalit­é de ses coloris, Harpignies jouit d’une grande influence dans les milieux mondains parisiens

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Vue de Beaulieu. Huile sur toile par Henri-Joseph Harpignies. (Photo Musée des exploratio­ns du monde)
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(DR) Henri-Joseph Harpignies.

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