Avec Vivants, Vincent Berenger DIT SON AMOUR DU SPECTACLE
Directeur du pôle image de la Scène nationale Châteauvallon - Liberté, Vincent Berenger nous plonge dans sa perception du spectacle vivant. À voir à la Maison de la photographie de Toulon jusqu’au 29 avril.
Nicole Garcia en jeu de miroirs dans sa loge avant de monter sur scène pour Royan, Clémentine Célarié enfilant son costume pour Une vie… Les images à voir à la Maison de la photographie à Toulon, sont signées Vincent Berenger, directeur de 7e Scène, le pôle image de la Scène nationale Châteauvallon - Liberté. Et c’est une grande fierté pour le photographe que d’exposer dans la ville où il a fait toute sa scolarité.
Depuis huit ans, Vincent Berenger photographie donc, filme aussi, les artistes accueillis sur les scènes de Châteauvallon (à Ollioules) et du théâtre Liberté (à Toulon). Dans une démarche plus personnelle, il saisit des instants de vie des artistes, de la magie créatrice aux coulisses, de la scène au baisser de rideau. Ce travail photographique, d’ordinaire accroché dans les loges du théâtre Liberté, se montre pour la première fois jusqu’à fin avril.
Elles racontent toutes une histoire
« Ce qui m’intéresse, explique le photographe, c’est tout le travail de création, de répétition, les émotions que l’on éprouve avant un lever de rideau, ce qui se passe après les applaudissements », dit-il en embrassant du regard l’espace d’exposition. Au total, 77 photos en noir et blanc sont accrochées, choisies avec soin « par rapport aux instants que j’ai vécus ». Chacune d’elles raconte une histoire, une anecdote, que Vincent Berenger a mise en mots avec la complicité d’Éloïse Mercier, une auteure indépendante. Les artistes se laissent-ils facilement saisir dans l’instant ? «Ilya tout un travail en amont, de présentation, de contact avec la production. Ce n’est pas toujours simple pour eux d’avoir un objectif qui les scrute… L’avantage, c’est aussi que mes photos sont exposées dans les loges du Liberté et, quand les artistes arrivent, ils voient le travail.
»
Ça aide bien entendu, à gagner leur confiance. Et certains n’ont aucun problème comme Clémentine Célarié, « elle m’a laissé une totale liberté ». D’autres aussi se sont laissés apprivoiser par son objectif : Swann Arlaud venu jouer Exécuteur 14 en pleine pandémie, devant les lycéens de La Cordeille ; la danse qui retrouvaient le souffle de la vie dans l’amphithéâtre de Châteauvallon l’été dernier ; Preljocaj et Decouflé se regardant l’un l’autre…
« Je cherche toujours une forme d’humanité dans ces photos »
Un rapport de confiance avec Berling
Et Charles Berling qui vit avec les lieux. Les habite. Ici, le jour de la première de Dans la solitude des champs de coton. Là, quelques minutes avant de monter sur scène avec Stanislas Nordey pour
Deux amis. Ou encore donnant la réplique à Jean-Louis Trintignant, en fauteuil roulant. Plus loin, en pleine séance de création pour son prochain spectacle en décembre 2023, « il est en contrechamp face à Philippe Collin. »
« Il y a, avec Charles, un rapport de confiance, poursuit le photographe. J’ai aussi entrepris ce travail parce qu’il m’a laissé cette libertélà».
Certaines images rappellent, bien évidemment, des moments plus forts que d’autres.
« Je cherche toujours une forme d’humanité dans ces photos. La scène, le spectacle vivant, c’est aussi la fragilité de l’instant, c’est un pied dans le vide… Quand ils montent sur scène, c’est vertigineux. Et ils recherchent cette sensation-là les comédiens. Moi, je suis là pour observer tout le travail en amont. »
L’exposition est présentée comme un circuit, de l’écriture jusqu’à la dernière seconde avant
de fouler la scène… Et tout ce qui arrive après.
Ludivine Sagnier, Philippe Torreton, Blanche Gardin, Catherine Germain – « les gens ne voulaient plus sortir de la salle… » –, Raphaël. Les anecdotes renverront le spectateur à son propre vécu, ressenti. Certaines de ces photos appartiennent en effet aussi à l’amoureux du spectacle vivant venu assister à différentes représentations, éprouver avec les artistes des émotions qui n’appartiennent qu’à soi. Les souvenirs donnent aux images une force toute particulière. On a aimé, ou pas. On a applaudi, ou non. Et, dans l’instant, face à la scène, on a été, nous aussi, vivants.
exposition photo de Vincent Berenger. Maison de la photographie, place Vincent Raspail, à Toulon. Jusqu’au 29 avril. Ouvert du mardi au samedi, de 12 h à 18 h (fermé les jours fériés). Entrée libre. Rens. 04.94.93.07.59. culture@mairie-toulon.fr