La saga des expéditions britanniques
Durant les vingt ans qui séparent les deux grandes guerres du XXE siècle, l’everest est la grande affaire des alpinistes britanniques. Leurs expéditions deviennent légendaires, elles dévoilent le Tibet, et obtiennent des résultats inespérés, atteignant d’
En 1919, le dalaï-lama entrouvre les portes de son royaume. Grâce aux liens noués avec Lhassa, les Britanniques sont les mieux placés pour obtenir une autorisation. Ils ont l’Everest dans le collimateur depuis 1907… Une reconnaissance est organisée en 1921, sous la direction du colonel Howard-Bury. Parmi les membres, George Leigh Mallory et Michael Alexander Kellas, himalayiste expérimenté et physiologiste. Il a gravi le Pauhunri (7 065 m) à la frontière du Sikkim et du Tibet. Malheureusement, il succombe à un accident cardiaque en rejoignant l’expédition.
«Wehaveestablishedtheway»
Cette reconnaissance mal commencée va se révéler fructueuse.Au-delà de la découverte d’un Tibet interdit, ses membres vont ramener de précieuses informations : ils sont les premiers à approcher le colosse. Le 19 juillet, après avoir remonté le glacier de Rongbuk ouest, Mallory peut contempler le versant népalais, d’une altitude de 6000 mètres, au col frontière situé entre le Pumori (7165 m) et le Lingtren (6749 m). L’Ice Fall du glacier de Khumbu y déploie toute sa puissance: peu d’espoir de ce côtélà. Mais il peut observer l’arête nord qui semble offrir un chemin. Le 7 août, par le glacier de Karta, l’expédition gravit le Kartse (6550 m) situé sur l’arête séparant les glaciers de Karta et de Kangshung. Le 17 août, elle atteint le Lhakpa La (6849 m) qui domine la branche est du glacier de Rongbuk. Le 24 septembre, ayant franchi le Lhakpa La, elle touche le Chang La (col Nord, 6990 m) situé entre le Changtse (7543 m) et l’Everest. Mallory, au moment de plier bagage, peut écrire à sa bien-aimée Ruth, avec qui il correspond régulièrement: « We have established the way. » Les résultats soulèvent un tel espoir qu’une expédition est montée dès l’année suivante. Le chef d’expédition est un général colossal: Charles Granville Bruce. L’équipe est constituée de très forts alpinistes, parmi lesquels George Ingle Finch, né en Australie, élevé en Suisse et fervent partisan de l’utilisation de bouteilles d’oxygène. Il est d’ailleurs novateur en matière d’équipement, et considéré comme un peu original par ses collègues alpinistes britanniques. Avec lui, Mallory, Longstaff, Norton, Strutt, notamment. Le 13 mai, partis du col Nord, Mallory, Norton et Somervell établissent un camp à 7 620 mètres et poussent jusqu’à 8140 mètres. Remarquable résultat, obtenu sans oxygène et malgré des vents violents. Geoffrey Bruce, Finch et le Gurkha Tejbir Bura atteignent 8319 mètres quelques jours plus tard. Le 3 juin, la mousson est là. Mallory, Crawford et Somerwell montent au col Nord. Une avalanche emporte sept des quatorze Sherpas de la colonne… Edward Felix Norton prend la tête de la tentative de 1924. Bruce (Charles-Granville) est tombé malade. On retrouve Bruce (Geoffrey), Andrew Irvine, Mallory, Somerwell, Odell et le capitaine Noël, déjà photographe de l’expédition de 1922. Norton et Somervell, le 4 juin, atteignent 8400 mètres. Norton continue seul (et sans ox’) jusqu’au grand couloir qui porte désormais son nom, à 8570 mètres. Il est l’homme le plus haut du monde. Ce record d’altitude ne sera battu qu’en 1952 par Lambert et Tenzing. Le dénouement semble proche: les Britanniques sont à 280 mètres du sommet. Mallory et Irvine vont tenter d’améliorer le record. Ils utilisent l’oxygène (Irvine en est un spécialiste). Odell suit leur progression jusque vers 8500 mètres. Puis un nuage les enveloppe, on ne les reverra jamais. La légende de l’Everest est en marche. Mallory, l’homme qui voulait gravir l’Everest « parce qu’il est là » , repose désormais dans « the finest cenotaph of the world » , laissant aux alpinistes le soin de résoudre l’énigme du résultat de leur tentative.
Le dalaï-lama interdit l’Everest
L’émotion est vive: après les sept Sherpas morts en 1922 (un « score » qui range cette expédition aux côtés des catastrophes germaniques du Nanga Parbat), deux jeunes Britanniques paient de leur vie la quête pour le sommet. Le dalaï-lama interdit toute tentative jusqu’en 1933, inquiété par un horoscope annonçant de grands malheurs. Cette année-là, les Britanniques viennent en force: quinze grimpeurs, sous la houlette de Hugh Ruttledge. Parmi eux apparaissent Bill Tilman, Eric Shipton et Frank Smythe. Shipton et Smythe ont réussi le Kamet (7756 m) en 1931. Wyn Harris et Wager