Vertical (Édition française)

1950-1953 : le dessous des cartes

La Deuxième Guerre mondiale a changé le monde. Du côté des alpinistes, une nouvelle génération a repris les plus grands itinéraire­s alpins ouverts à la fin des années trente. Ils regardent vers l’himalaya mais, cette fois, c’est depuis le sud qu’ils doive

- Par Claude Gardien.

En 1950, le Tibet est envahi par la Chine. Le dalaï-lama avait de toute façon fermé ses frontières en 1947. L’Inde est désormais indépendan­te, mais le Népal s’ouvre aux étrangers en 1947, ce qui déclenche une sorte de frénésie : les Français se lancent dans l’organisati­on de leur expédition à l’Annapurna, Bill Tilman explore le Langtang et le Ganesh Himal en 1949, puis tente l’Annapurna IV (7525 m) en 1950, parvenant tout près du sommet. Les Britanniqu­es ont-ils oublié celle qu’ils appellent « notre montagne » ? Pas vraiment : la même année, Tilman approche l’Everest par le sud, accompagné notamment de Charles Houston, le leader de l’expédition américaine de 1938 au K2. L’idée d’une nouvelle expédition à l’Everest revient à trois Britanniqu­es,Tom Bourdillon, Michael Ward et Bill Murray, un Canadien, Cambpell Secord, et un Suisse, Alfred Tissières. Le Comité de l’Everest, pourtant toujours persuadé que la première de l’Everest, si elle était réussie par une autre nation, serait une humiliatio­n nationale, se montre sceptique devant la fougue de ces alpinistes d’une autre génération. Les événements récents survenus en Asie viennent au secours des jeunes. Eric Shipton, qui occupait un poste diplomatiq­ue à Kunming (Yunnan), est expulsé par les Chinois. Il revient en Angleterre. Cambpell Secord lui propose immédiatem­ent de se joindre à l’expédition. Shipton ne dit pas non, mais ne montre guère d’empresseme­nt. Il a été fait prisonnier par l’armée chinoise, et ce nomade semble heureux de revoir son pays et sa famille. Mais il a déjà trop donné à l’Everest pour quitter le job… L’austère Comité se chargeant du financemen­t (et la présence de Shipton, héros national, est primordial­e pour intéresser les journaux), il accepte de prendre la tête de l’expédition. L’aventure tente de nombreux alpinistes, et Shipton croule sous les candidatur­es. Une lettre du Club alpin néozélanda­is propose la participat­ion de trois alpinistes, déjà en Himalaya. Sur un coup de tête, Shipton en accepte deux, au grand dam de ses compagnons, qu’il n’a pas consultés. C’est ainsi que le 8 septembre, deux baroudeurs rejoignent les Britanniqu­es durant la marche d’approche, arrivant directemen­t du Garhwal où ils ont passé l’été : Earle Riddiford et Edmund Hillary. Shipton était sans doute imprévisib­le, on doit lui reconnaîtr­e un certain flair…

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