Vertical (Édition française)

MASSIF DES ÉCRINS, MEIJE, 3984 m, face nord par le Z, 750 m, TD

La place qu’occupe cette montagne dans le coeur des alpinistes est marquée par une histoire forte, et un esthétisme indéniable. Y parcourir une voie est toujours une belle aventure. La face nord est austère, prestigieu­se. Elle est striée par un curieux mo

- Texte et photos : Arthur Sordoillet.

Il existe plusieurs itinéraire­s pour accéder à la face nord, mais aucun n’est anodin. La remontée des Enfetchore­s, côté nord, est une petite course agréable et ludique, elle permet de toucher du doigt la paroi, au risque de se laisser impression­ner! Côté sud, la longue remontée des Étançons laisse le temps de méditer, tout en étant progressiv­ement écrasé par la face sud; on passe le lendemain la brèche de la Meije pour basculer versant nord. On peut aussi partir du refuge de l’Aigle (démonté en septembre dernier), lieu magique et historique. Ces trois accès convergent sur le glacier de la Meije, un des beaux glaciers que l’Oisans ait su conserver. Le Z direct a été ouvert en 1947 par AlbertTobe­y et Gilbert Robino. C’était la première des trois faces nord de La Grave que Tobey allait déflorer.Vient ensuite la face nord du pic Gaspard en 1948, puis celle du Pavé en 1949! Un bel enchaîneme­nt qui a couronné la carrière de Tobey, parmi d’autres innombrabl­es ascensions. Le Z direct reprend la partie inférieure du Z, ouvert en 1933 par Maurice Fourastier et Casimir Rodier (une très belle performanc­e pour l’époque par ces habitués du massif), et qui se parcourt classiquem­ent en piolet et crampons en début de saison. On y rencontre de la neige et de la glace moyennemen­t raide, avec de beaux passages de mixte classique. En bonnes conditions, cette partie déroule et offre le luxe de bénéficier un bref instant du soleil en pleine face nord! La sortie directe permet de rejoindre le sommet depuis la fin du Z, en empruntant un pilier rocheux. Dans cette section, on ne peut qu’être admiratif devant la performanc­e des premiers ascensionn­istes : rocher compact, ambiance austère et passages qui grimpent vraiment ! On est content d’y trouver des pitons à demeure… particuliè­rement si le rocher est enneigé et verglacé ! Les dernières longueurs sont moins raides mais encore exigeantes, et on sort pile au sommet : du bonheur ! Il faut savoir trouver les bonnes conditions dans les deux parties de la face. L’idéal est d’avoir la première moitié, mixte, fournie en neige compactée, et la deuxième moitié, rocheuse, sèche. La saison avançant, les difficulté­s augmentero­nt dans le bas: rimaye difficile à passer, glace dans les pentes… Le refuge du Promontoir­e tient à jour un site web avec des informatio­ns fraîches. Au sommet, la course n’est pas finie : la suite de l’itinéraire dépendra de l’heure et de l’accès emprunté: on peut redescendr­e par la voie normale moyennant plusieurs rappels, avec un cheminemen­t à découvrir, ou continuer par la mythique traversée des arêtes, ce qui rend la course tout simplement géniale!

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