Vertical Classic

Agio Pnevma, les Météores, Actiondirecte et Traumpfeiler

Les Météores ont tout pour faire fantasmer les grimpeurs. D’abord, elles sont en Grèce, ensuite la grimpe y réserve une expérience unique et forte, dans un paysage de cinéma. Jusqu’à présent, cette destination était confidentielle. Peut-être faute d’infos ? Voilà de quoi commencer à combler la curiosité des

Les Météores, situées en Grèce continentale (Thessalie), est une région à visiter absolument au moins une fois dans sa vie, tant comme curiosité géologique que comme lieu spirituel (ce qu’elle fut dans le passé). C’est, entre autres, l’un des sanctuaires de l’escalade mondiale, même si c’est aussi l’un des moins connus. De nos jours, des centaines de personnes, essentiellement des touristes, visitent les vieux monastères situés au sommet de certaines tours. Le séjour dans ces lieux magiques ne dure pas plus de deux jours et ne comporte aucune activité outdoor, si ce n’est la montée et la descente des escaliers. En revanche, pour les grimpeurs, les Météores restent un lieu inconnu ou du moins à éviter. Et pourtant, les (rares) photos diffusées dans la presse spécialisée durant les trente dernières années en ont fait rêver plus d’un, les laissant souvent sans voix. L’atmosphère surréelle des tours dominées, pour certaines, par un monastère, le conglomérat qui les fait ressembler à des déserts de pierre verticaux et, non des moindres, l’éthique saxonne que les Allemands – principaux explorateurs de cet endroit – ont réussi à conserver… maintiennent ce lieu hors du temps, empreint des légendes les plus fantaisistes. En effet, dans une Grèce désormais presque aussi renommée que l’Espagne pour ses magnifiques falaises sportives, les Météores offrent un beau contraste. Il faut d’ailleurs vraiment être anticonformiste et aimer le danger pour avoir envie d’escalader ces tours ! Et pourtant, à peine a-t-on quitté le petit village de Kastraki avec ses maisons adossées à la roche, qu’on a l’impression de franchir les portes du Monde de Narnia ou de quelque film de « fantasy » sorti tout récemment sur grand écran. Mais pas d’affolement, à Hollywood, on y a déjà pensé: vous rappelez-vous le célèbre film de l’agent 007 Rien que pour vos yeux, où James Bond incarne un grimpeur? Essayez de deviner où il a été tourné… Dites-moi donc pourquoi, si même l’agent 007 l’a fait, nous ne pourrions pas, nous, escalader ces tours alors que nous en sommes bien plus capables ! Parmi le millier (quasiment) de voies existantes et les cent soixante-dix tours, j’ai choisi l’une des plus célèbres, l’Heiliger Geist (Agio Pnevma), la tour du Saint-Esprit. La voie la plus évidente et la plus élégante, sur le pilier est, a été appelée Traumpfeiler, Pilier des rêves, par ses premiers grimpeurs. On dit que Stutte et Medgefrau, en 1981, ne mirent qu’une seule journée pour l’escalader, enfonçant toutes les broches à l’aide d’un tamponnoir, soit vingt-cinq minutes pour chacune d’elles ! Aujourd’hui, c’est une belle classique en 5c pour laquelle il est toutefois recommandé de bien maîtriser le degré, du fait de la distance entre les points. Pour ceux qui ont envie d’une voie plus « sportive » et qui n’aiment pas le danger, je conseille la très belle Action directe sur le versant nord. Ouverte par les grimpeurs locaux Batalongiannis et Batsios en 1995, la voie suit une incroyable bande noire parfois surplombante dans une imposante paroi où il n’y a aucune autre voie. Quelle émotion ! La deuxième longueur en particulier : une escalade de pure continuité sur des pierres qui semblent collées à la paroi, l’une de ces longueurs qui, comme on dit, vaut le détour !

Texte et photos : Maurizio Oviglia.