SPITOPHAGES PERVERSP.
Le spit, qui tient son nom de l’entreprise ayant créé les premières chevilles auto-foreuses, a fait couler plus d’encre qu’il n’a percé de trous. Né dans les années 50, il a pris une place centrale dans les ouvertures de voies. Cette “arme” a permis l’asc
Il y a peu, un collectif de jeunes passionnés, mené entre autres par Robin Bonnet, a lancé « l’Appel des jeunes grimpeurs et alpinistes1». Ce manifeste, qui va plus loin que le débat sur l’équipement « pour ou contre le spit » dresse un état des lieux intéressant de la fréquentation en montagne et des problèmes de cohabitation entre différents styles d’escalade, notamment entre les itinéraires aseptisés et le « terrain d’aventure ». Cet Appel commence par ces mots : « Le développement du matériel et des techniques d’escalade et d’alpinisme nous offre aujourd’hui un éventail très riche de pratiques : en salle, en couenne, en falaise, en montagne ; sur du rocher, en mixte, en dry, en cascade de glace ; sur protections à demeure ou amovibles. Mais nos terrains de jeu ne sont pas traités comme un bien commun. Ils sont étouffés par le poids culturel de la période du « tout spit », qui ne tient pas compte de la réalité et de la pluralité de nos pratiques. » Ce spit omniprésent et excessif, réduit en effet les choix et le terrain de jeu des amateurs d’aventure. Les belles fissures vierges et abordables se font rares, des voies historiques sont rééquipées de façon anarchique, comme sur le Massif de la SainteVictoire ou dans le Verdon, des spits fleurissent en haute montagne dans des endroits où les alpinistes s’en sont toujours passés. Enfin, la FFME prône un sur-équipement de quelques falaises au détriment des autres Sites Naturels d’Escalade…
COMMENT EN EST-ON ARRIVÉ LÀ ?
Introduit dans les années 50 dans les Alpes2 , le piton à expansion a fait du bruit dès le début de son utilisation. C’est le cas de le dire car avec quelques dizaines de coups de marteau pour forer un trou au tamponnoir, le travail était fastidieux. Serge Coupé, célèbre ouvreur des parois de Chartreuse et du Vercors dans les années 60 garde un souvenir mitigé de cet équipement : « C’était pénible, cela revenait à travailler en montagne! Du coup on n’en mettait pas beaucoup et en plus cela rendait le jeu moins drôle. » La généralisation de ce type d’amarrage « fixe » dans les ouvertures de voies, entraine de vives discussions, d’abord sur le plan de l’éthique. On se souvient du conflit opposant Warren Harding et le regretté Royal Robbins quant au style des ouvertures au Yosemite. D’un côté le chantier « indigne » mais opiniâtre et couillu, de l’autre la pureté et le libre. Le spit va alimenter d’autres polémiques qui marqueront l’histoire de l’alpinisme pour des décennies, comme l’équipement à l’aide d’un compresseur de la voie Maestri au Cerro Torre (Patagonie) ou, sur nos falaises, le combat de JeanClaude Droyer, défenseur de l’éthique anglo-saxonne, contre les ouvreurs de l’époque. Sur notre territoire, l’avènement de l’escalade sportive au début des années 80 va balayer l’image vieillotte et conservatrice de la montagne : les knickers et étriers laissent place aux collants, aux sacs à pof et au huitième degré. Tout est bon pour pousser plus loin la performance. Le courant de l’équipement est puissant : des lignes fleurissent sur les dalles et les bombés de nombreuses régions, et ce phénomène s’étend jusqu’en haute montagne, notamment sous l’impulsion de grimpeurs comme Michel Piola. Dans le livre Escalades au Mont-Blanc (1987), Dominique Suchet écrivait : « les détracteurs s’insurgent contre cette folie de l’équipement. Pour eux, la politique du « spitonnage pervers » entraînera une certaine forme de décadence au sein de cette discipline. Elle compromet l’aspect palpitant de la montagne – engagement, solitude, découverte, esprit d’aventure -, pour se dénaturer en gymnastique alpine où seule la notion de mouvement et de difficulté tient lieu de critère. »
DES SPITS FLEURISSENT EN MONTAGNE DANS DES ENDROITS OÙ LES ALPINISTES S’EN SONT TOUJOURS PASSÉS.
http://appel-des-jeunes.blogspot.fr/p/blog-page_19.html Equipement d’un passage avec des pitons à expansion « maison » dans la face Ouest des Drus en 1952 par Guido Magnone, Lucien Bérardini, Adrien Dagory, et Marcel Lainé
Les voies spitées vont néanmoins rencontrer un succès massif et permettront à toute une génération de grimpeurs (dont je fais partie) d’entrer dans l’univers des grandes voies et de la haute montagne… Bien plus tard, c’est la question de l’environnement et de son respect qui est posée. Le spit et le perfo sont montrés du doigt dans les Parcs nationaux et dans des secteurs où l’on aimerait entendre moins de bruit et voir moins de grimpeurs… Malgré cela, depuis les années 2000 et l’apparition des premiers 9b, le spit continue d’être un outil d’exploration. Il joue même un rôle important dans les pratiques hivernales avec l’équipement des sites de dry-tooling. Il favorise l’explosion du niveau technique mais aussi l’ouverture de grandes lignes mixtes, comme dans la vallée de Freissinières : Le Cimetière des Eléphants, Quartier Nord, Doberman et bien d’autres… Les spits permettent surtout à cette activité de sortir d’une impasse où les structures abordées- stalactites et placages - ne permettaient plus de s’assurer correctement. Le perfo à la main et les spits dans les poches, on remonte des lignes éphémères entre surplombs, stalactites et placages, sans la boule au ventre. Ce petit accessoire qui apparaissait aux yeux des grimpeurs de l’après-guerre comme une tricherie et un simple artifice s’est donc peu à peu ancré dans nos pratiques, en escalade comme en alpinisme. Doit-on pour autant en faire une norme?
UN CHANGEMENT DE REGARD
Le niveau technique actuel associé au développement des protections amovibles comme les « aliens », les « ball nuts » et autres « Totem cam », favorise un changement de regard qui rappelle l’éthique anglo-saxonne. Une forme de retour aux sources et de relecture du terrain… Au plus haut niveau sur le rocher, en mixte ou en dry, les grimpeurs prouvent que l’on peut parfois se passer des spits : Arnaud Petit dans Black Bean, à Céüse, Albert Leichtfried dans le M8 des Dolomites ou encore Jeff Mercier en dry… Mais le « trad », le « clean », que ce soit en rocher ou en mixte, n’est pas réservée au haut niveau. Manu Ibarra, fin connaisseur des aiguilles de Bénevise, dans le sud Vercors, a prouvé l’an dernier qu’il était encore possible d’ouvrir des voies de niveau modeste entièrement sur équipement amovible : coinceurs, mais aussi pierres coincées, noeuds, sangles et béquets… Certes, dénicher ce genre de
ligne de nos jours reste une performance mais I.T.A., qui comporte 6 longueurs en 5c max, reste un clin d’oeil au collectif grenoblois Initiative pour le Terrain d’Aventure3. L’Appel des jeunes grimpeurs et alpinistes souligne un autre fait important : la fréquentation de la haute montagne évolue… Le refuge du Promontoire, à la Meije, observe depuis plusieurs saisons un regain d’intérêt pour les itinéraires non balisés, comme la Pierre Allain en face sud, au détriment des nombreuses voies toutes proches entièrement équipées sur spits. Cet « état des lieux de nos pratiques montre que la moindre fréquentation de la haute- montagne au profit de la moyenne montagne et, encore plus, des zones urbaines ou péri-urbaines ne résulte pas, comme l’ont supposé certains de nos aînés, d’un manque de voies clefs en mains. Au contraire... » En clair, contrairement aux années 80 et 90, on va aujourd’hui chercher en montagne autre chose que du goujon. Les sites équipés, de proximité, sont plus à même de satisfaire une population purement sportive qui n’a pas envie de s’encombrer d’aléas matériels, temporels et météo… A l’inverse, sortir au Grand Pic, voire même poursuivre par la traversée des arêtes apporte une toute autre expérience que les longueurs pourtant plaisantes de la pyramide Duhamel. Et la nouvelle génération, baignée dans cette culture sportive, a cruellement besoin, comme le souligne l’Appel, de « redonner un sens à l’aventure ».
UNE FORME D’INCOMPRÉHENSION.
Chercher l’aventure en se passant des spits est néanmoins une démarche mal comprise dans le milieu de la grimpe, une contre-culture qui souffre de préjugés, comme celui d’être élitiste. Vincent Meirieu, grimpeur et ouvreur prolifique, y répond de la façon suivante : « À mon sens, être élitiste, c'est croire que certains grimpeurs de niveau modeste ne seront jamais capables de faire du terrain d'aventure et ne leur proposer que des itinéraires aseptisés ( ou des fissures miteuses et buissonneuses, ce que sont souvent aujourd’hui les rares voies de terrain d’aventure accessibles préservées jusque-là par le rééquipement)... Alors même que les élites dont on vante les qualités et célèbre les exploits sur coinceurs, font, eux, du terrain d'aventure extrême sur du beau caillou. C'est sousestimer les grimpeurs, mépriser leurs capacités ! » Notre territoire est encore riche de voies qui se prêtent à la pose de coinceurs. Encore faut-il les préserver, comme la Ula, cette fissure parfaite rayant d’un trait les 300 mètres du canyon du Verdon. Peu équipée, puis entièrement équipée et enfin déséquipée partiellement elle est à elle seule le laboratoire de nos contradictions.
ÊTRE ÉLITISTE, C'EST CROIRE QUE DES GRIMPEURS DE NIVEAU MODESTE NE SERONT JAMAIS CAPABLES DE FAIRE DU TERRAIN D'AVENTURE.
Un autre argument souvent brandi contre l’escalade trad est la sacro-sainte notion de responsabilité des ouvreurs. A-t-on encore le droit de prendre des risques en montagne et inciter les autres à en prendre en ne laissant que peu de traces derrière soi ?
Parmi les réactions suite à l’Appel des jeunes grimpeurs et alpinistes, Jean Robert Bergoend, un ouvreur expérimenté, s’exprimait en ces termes : « J'ai toujours pensé qu'il fallait sauvegarder le terrain pour que les différentes pratiques puissent se réaliser. Pour moi il est insupportable de voir des jeunes et des moins jeunes d'ailleurs, mourir pour un spit non posé. Même la plus belle montagne ne mérite pas le décès de nos êtres chers. Vous avez raison de vouloir protéger le terrain sur lequel vous êtes à l'aise, pour l'instant ! Je pense aussi que tôt au tard l'équipeur d'une voie pourra être inquiété en cas d'accident. » Cet avis a le mérite de nous alerter sur la tendance actuelle mais il prouve par la même occasion que le spit est pour beaucoup le garant de notre sécurité. Est-ce vraiment le cas ?
LES EFFETS PERVERS DU SPIT
Tel l’anneau de Tolkien, derrière sa façade brillante le spit cache en réalité un côté obscur et malsain. Ce sentiment de sécurité absolue en fait partie. Les spits vieillissent comme le reste et tant qu’on ne voit pas un goujon céder ou sortir de son logement, on considère ce type de « point » comme inarrachable… Son aspect, la façon dont il est planté, dont il bouge, la qualité de la fissure, sont autant d’indices qui permettent d’évaluer en temps réel la qualité d’un piton… Qu’en est-il d’un spit ? La FFME qui conventionnait jusque-là près de 800 sites d’escalade en prônant l’escalade comme une activité « sans risques » prend conscience de cette faiblesse… Mais les spits essaimés dans les années 80 coûtent cher en entretien lorsqu’on a 80 000 licenciés contre plus d’un million d’utilisateurs potentiels. Pour continuer de prôner cette absence de risques, la fédération semble s’orienter vers un suréquipement de quelques sites triés sur le volet, les fameux sites «d’intérêt fédéral . Des Sites Naturels d’Escalade transformés en S.A.E à ciel ouvert4… Combien de spits faudra-t-il pour trancher entre escalade et alpinisme ? Ignorant la plupart du temps ces faiblesses potentielles, nous confions notre vie aux « plaquettes », y compris lorsque celles- ci bougent et laissent suinter un peu de rouille. On prend l’habitude de se pendre au relais sans vergogne et on la garde dans des terrains où il vaudrait mieux ne pas le faire… Habitués à côtoyer des spits, on ne retape plus les pitons au marteau pour s’assurer de leur tenue, on ne vérifie plus l’état des cordelettes… On clippe ! En changeant notre comportement, le spit porte en lui les dérives de notre société consumériste et empêche le grimpeur d’acquérir des compétences d’alpiniste. L’équipement des itinéraires glaciaires ou historiques en haute montagne en relais spités pousse certainement ce phénomène à son paroxysme. Certains justifient ce bétonnage par une sur-fréquentation, une sécurité indispensable pour l’activité professionnelle, une évolution des pratiques… Rémi Thivel avait alerté la communauté à ce sujet dans un courrier adressé aux organisateurs des « Rencontres citoyennes de la montagne » , qui s’étaient tenues à Grenoble en 2012 : « Depuis deux ou trois ans, il y a vraiment une accélération dans le fleurissement des goujons, dans des classiques qui se protègent très bien sur coinceurs et friends, dans le massif du Mont-Blanc, dans le Valais et le Val d’Aoste. Ce sont souvent les oeuvres de guides “sur le retour” qui, sous prétexte de confort du client, de sécurité, et surtout pour avoir un sac léger, n'hésitent plus à goujonner, le plus souvent anonymement et sans aucune concertation collective. » Cet équipement anarchique de la haute montagne a de quoi susciter l’incompréhension des premiers ascensionnistes : on gravit les longueurs les plus intéressantes, souvent au milieu d’autres cordées, et une fois ces longueurs consommées, photographiées, instagramées, on descend en rappel. N’est-ce pas dans la sortie au sommet et l’isolement que l’alpinisme prend souvent toute sa saveur ? Qui sait encore gérer une course dans son intégralité sans trace ni repères ? D’autre part, en confondant confort et sécurité ne sommes-nous pas en train de cisailler le pont de neige sur lequel nous nous trouvons? Un ami guide observait récemment un glaciairiste : « Se ruant sur un relais spité, il n’avait pas vu que celui-ci était fortement exposé à de grosses chutes de glace. Il lui suffisait de coupler quelques broches à quelques mètres de là, dans une glace d’excellente qualité, pour être totalement protégé. » Mais le spit attire l’oeil et la corde… Il balise les itinéraires et réduit nos décisions. A propos de la goulotte Chéré, sans doute la plus fréquentée de France, le guide et gendarme-secouriste Jeff Mercier ne mâche pas ses mots: « Ce type d’équipement n’est qu’un encouragement pour des alpinistes dépourvus de jugement qui s’empilent les uns derrière les autres au mépris de leur propre sécurité (chute de morceaux de glace notamment). De fait, les relais sont surfréquentés {…} Cette voie est la démonstration par l’absurde d’un équipement à demeure.(...) Retirer les relais obligerait les prétendants à sortir en haut
du Triangle, ceci redonnerait à la course son caractère alpin. Cela évidemment restreindrait l’accès 365 jours sur 365 tel qu’il est pratiqué actuellement… Mais est-ce gênant ? Un peu de tranquillité laisserait les marches de l’escalier se reboucher, la neige recouvrirait les traces d’urine qui truffent les relais, peut-être même un bouchon de neige se formerait ? » Même s’il faut nuancer ce propos en précisant que tous les alpinistes fréquentant ce type d’itinéraire ne sont pas dépourvus de jugement, la dérive est bien réelle et ne concerne malheureusement pas que le massif du Mont-Blanc.
LE SPIT S’OPPOSE-T-IL TOTALEMENT À L’AVENTURE ?
Certainement pas. Allez grimper au Wendenstock dans l’Oberland ou dans les voies de la paroi d’Anterne (Haute-Savoie) pour vous en convaincre… Ces itinéraires entièrement équipés sur spit (et équipés du bas) nécessitent une belle dose d’engagement et de connaissance du rocher. Utilisé avec parcimonie et un oeil intelligent, le spit peut même valoriser l’escalade trad. Equipées de bons spits à leur sommet, les fissures d’Annot ont pu être défrichées et voient de plus en plus d’adeptes qui s’essayent aux coincements et à la pose de protections. Beaucoup d’ouvreurs qui ne tombent pas dans la frénésie du perfo, montrent aussi toute la richesse d’un équipement partiel ou raisonné. Ainsi Christian Ravier fournissait sur un blog6 ce témoignage en réponse à une polémique sur l’utilisation du spit à Ordesa (Pyrénées espagnoles) : « Dans le canyon d’Arrazas, depuis une dizaine d’années déjà, des grimpeurs utilisent le perfo pour l’ouverture de voies nouvelles. Ces itinéraires restent dans l’esprit d’aventure que les grimpeurs viennent chercher à Ordesa depuis toujours » . Depuis toujours aussi, ils sont conscients du joyau que représente cet endroit exceptionnel et ils n’ont pas besoin d’une administration pour le leur rappeler. Les spits sont utilisés avec parcimonie depuis les années 60 sur les parois du Gallinero, du Tozal ou de la Fraucata. « Mikel Zabalza, qui a signé ces quinze dernières années les plus belles oeuvres en ces lieux, a par exemple, utilisé 10 spits (relais compris) pour les 400 mètres de l’exceptionnel « Enamorados » et 6 (toujours relais compris) pour la non moins belle voie Libertaria ». Comme aseptisation à outrance, il y a pire !
À l’heure actuelle, ajoute Christian Ravier, « l’utilisation de la perceuse n’est absolument pas outrancière à Ordesa, mais ce n’est pas pour cela qu’il ne faut pas rester vigilant, sans paranoïa excessive. La perceuse est un outil dangereux et la taladromania - comprenez la « manie du forage » - est une pathologie qui s’attrape quand on oublie le message de la pierre. »
Faudra-t-il un jour sectionner les spits comme Royal Robbins l’avait fait dans les premières longueurs du Dawn Wall ( El Capitan, Yosemite) en 1970 ? Dans certains lieux sans doute, pour préserver ce qu’il reste de l’alpinisme. Mais le spit, comme le topo, fait aujourd’hui partie de notre patrimoine et de notre histoire. La plupart d’entre nous bourrinent sur un beau caillou ensoleillé ou sur les lames des piolets, protégés par de bons spits, avant de partir dans une face nord ou en expé… C’est parce que nous vivons ce paradoxe qu’il nous est difficile d’entrevoir les enjeux. Que ce soit pour préserver le terrain de jeu des générations futures ou que ce soit pour redonner tout son sens à l’alpinisme, l’heure est venue de raisonner son utilisation. Ce que nous allons chercher dans les fissures d’Indian Creek ou sur la glace écossaise est possible à deux pas de chez nous… Encore faut-il considérer nos vieilles fissures et nos montagnes comme des monuments historiques plutôt que comme des terrains de sport.
Des sites comme Annot parviennent avec succès à regrouper dans un même lieu géographique des voies spitées, des voies en trad et du bloc. Il est d’ailleurs plaisant et réconfortant de passer d’un style à l’autre. Dans la paroi de la Pelle aux Trois Becs (Vercors) différentes formes d’escalade se côtoient également : l’une exigeant quinze dégaines au baudrier, l’autre plus de sangles et de câblés.
Le CDESI de la Drôme, qui est le gestionnaire de ce secteur, regroupe depuis quelques années tous les acteurs et tous les pratiques pour des concertations et prises de décisions constructives. Charte d’équipement, respect du caractère historique des voies, prise en compte de l’escalade comme une forme d’alpinisme… Le spit y a sa place puisque des grimpeurs comme Antoine Lapostolle continuent d’ouvrir de remarquables lignes non loin de la splendide et historique voie des Parisiens. Le spit n’est qu’un outil parmi d’autres, mais dont il s’agit de mesurer l’emploi. Un enfant terrible qu’il est temps de regarder en face.