LES FANTÔMES DU DENALI
Les récits de montagne les plus simples, ou disons les plus linéaires, sont parfois les plus réussis. Pour preuve les oeuvres de fiction de Frison-Roche (Premier de cordée, la Grande Crevasse) : une cordée, un accident, une issue. Comme Jon Krakauer, le britannique Simon McCartney s’est bel et bien rendu en Alaska à la fin des années 70 pour gravir une voie extrêmement dangereuse, encordé avec un grimpeur californien, Jack Roberts. McCartney avait écumé ce que Chamonix avait à offrir comme voies dures : il était temps, et surtout l’heure, à 22 ans, de ne pas trop réfléchir à cette ligne qui restait à ouvrir au milieu de l’immense face sud-est du Denali, une ligne bien trop exposée aux séracs. Après avoir passé des soirées au National à Chamonix, le petit bourg de Talkeetna devient, en deux expés, sa deuxième ville d’adoption. Mais pour Simon, rien ne va se passer comme prévu : un mal aigu des montagnes va peu à peu le priver de ses capacités. Seul avec Jack Roberts, très haut sur la montagne, Simon va t-il survivre ? On se doute que oui, puisque c’est un récit autobiographique. Au-delà de l’issue de cette aventure tragique et de l’histoire d’une ascension légendaire (que certains grimpeurs de l’ère internet mettaient même en doute), le dénouement du livre, inattendu et poignant, plonge le lecteur dans l’abîme de ses propres passions pour l’alpinisme. Le livre a reçu le prix Boardman Tasker, ainsi qu’un prix à Banff. Une très bonne lecture, qui paraît le 21 septembre prochain.