Changement de vie – Pauline et le bouleau magique
Pauline Bony a trouvé le moyen de concilier ses deux passions, la cosmétique et la nature, en créant sa propre marque, S[aè]ve. Retour sur son parcours.
C’est à Lyon, entre le Rhône et la Saône, que Pauline a grandi, choyée par des parents originaires du Cantal, où elle passait week-ends et vacances. Toute petite déjà, cette
« enfant de la forêt » adorait se ressourcer dans la nature et vouait une passion aux soins cosmétiques. Sa devise ? « Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles. » Après des études en école de commerce, elle décroche un boulot dans une petite entreprise de cinq salariés; elle apprend la conception et la vente, notamment de parfums, avant de rejoindre un grand groupe, où elle se sent « comme un lion en cage ».
PLUS PROCHE DE LA NATURE
Désireuse d’opérer un virage à 180°, guidée par son intérêt pour les soins cosmétiques bio, Pauline se penche sur les vertus de la sève de bouleau. « Cet arbre s’épanouit dans le Cantal, la région la plus froide de France. Il résiste à des températures extrêmes. J’ai toujours adoré sa féminité, sa grâce. Dans ma famille, les femmes ont l’habitude de faire des cures de sève de bouleau pour détoxifier l’organisme. En trois semaines, on voit les effets sur leurs cheveux et leur peau. » Pauline commence à creuser
cette piste. Elle lit La Vie secrète des arbres de Peter Wohlleben, qui la fascine; elle contacte un botaniste qui lui fait découvrir le chaga, un champignon méconnu en France qui pousse exclusivement sur le bouleau, et dont Soljenitsyne parlait déjà dans son roman Le Pavillon des cancéreux. Très concentré en polyphénols et en bêtaglucane, il agit sur les défenses immunitaires. Restait à voir si le chaga et la sève de bouleau pouvaient avoir des vertus en application sur la peau. Pauline les fait tester par un laboratoire indépendant, à l’aveugle (on les compare à un actif neutre). Les résultats sont si bons que le labo lui recommande de faire breveter les actifs !
UNE SÉRIE DE DÉFIS
Pour concrétiser le projet, il a fallu trouver un professionnel capable de récolter le chaga d’auvergne. Après la cueillette, en hiver, lorsque toutes les feuilles sont tombées de l’arbre, le spécialiste des matières premières végétales teste la radioactivité des champignons, les cryogénise avec de l’azote liquide à – 200 °C et titre les principes actifs. La sève de bouleau, elle, est récoltée en mars, de façon manuelle : pas plus de 5 litres de sève par jour et par arbre, pour les préserver. Souhaitant utiliser exclusivement des plantes de la région, Pauline fait titrer les fructanes du pissenlit, les actifs du pin, les monosaccharides des pois… Elle ne fait aucune concession sur
la qualité des produits – « une trentaine d’essais de formule, jusqu’à 80 pour les sérums », leur conditionnement… En 2017, le projet voit le jour. Ses produits 100 % made in France sont composés à plus de
90 % d’ingrédients d’origine naturelle, sans PEG, sans huile minérale, sans parabens, sans phénoxyéthanol. Depuis, Pauline poursuit sa quête de naturel et s’émerveille chaque jour d’avoir osé se lancer!