Yuka, l’appli anti-toxique
Lancée en 2017, l’appli Yuka permet de scanner et d’analyser aliments et produits industrialisés pour leur donner une note reflétant leurs qualités. Succès fracassant ! Rencontre avec Julie Chapon, une des créatrices.
Natur’elle : Comment avez-vous eu l’idée de cette appli?
Julie Chapon : Je travaillais dans le conseil digital et je m’ennuyais. Tout a commencé début 2016. Benoît, mon ami et associé, s’interrogeait comme moi sur la qualité des aliments qu’il donnait à ses enfants et se confrontait aux difficultés de compréhension des étiquettes des produits alimentaires. Indéchiffrables, elles n’aident pas à savoir si un produit est sain ou non! Il a fait appel à moi, l’idée a commencé à se concrétiser… et depuis, nous n’arrêtons pas!
Développer une telle appli a forcément eu des répercussions sur votre façon d’acheter et de vous alimenter ?
JC : Oui ! Je faisais attention à ma façon de me nourrir, mais je ne prenais pas tout en compte, notamment les additifs
ou les pesticides. Cela a été une réelle prise de conscience! Aujourd’hui, je n’achète quasiment que des produits bruts et je cuisine beaucoup plus. Rien de compliqué, pour le quotidien, je fais simple mais sain! Dans ma salle de bains, je me suis débarrassée des trois quarts des produits. Aujourd’hui, j’utilise seulement des soins naturels ou que je fabrique moi-même.
Peut-on avoir confiance dans les informations sur les produits fournies par les industriels et fabricants?
JC : C’est une bonne base d’informations officielles, d’autant qu’il existe des autorités de régulation et de surveillance, il faut donc rester relativement confiant sur ces informations : les industriels ne cherchent pas non plus délibérément à nous empoisonner! Et c’est à nous de faire les bons choix. Pour l’analyse des aliments, il faut savoir que Yuka retient trois critères : la qualité nutritionnelle (basée sur la méthode de calcul du Nutriscore, elle représente 60 % de la note), la présence d’additifs (30 % de la note finale) et la dimension biologique. La note globale est un bon reflet de la qualité générale du produit.
En bio, on trouve parfois des ingrédients médiocres ou des additifs. Selon vous, allonsnous vers du bio « low cost » de mauvaise qualité?
JC : Un produit bio ne contient pas d’intrant chimique, ce qui ne veut pas dire qu’il est forcément bon, sain et de qualité : il peut être trop sucré, trop salé, trop gras, renfermer des additifs… Selon moi, le bio est un bonus recommandable, mais il ne suffit pas : il faut regarder au-delà et se pencher sur la qualité nutritionnelle du produit.
Que conseilleriez-vous à quelqu’un qui ne sait absolument pas s’alimenter ?
JC : D’acheter le moins possible d’aliments transformés et de prendre le temps de cuisiner; de réduire les sucres cachés partout, même dans les produits salés; et pour les produits transformés, de choisir ceux avec la liste d’ingrédients la plus courte et la plus compréhensible possible : si on ne comprend pas ce que sont certains ingrédients, ce n’est pas bon signe!
Utiliser votre appli ne risque pas de rendre trop méfiant face à l’alimentation?
JC : Je ne crois pas : cela rend juste plus vigilant et informé! Dans les 400 à 500 messages quotidiens que nous recevons, nous constatons que les utilisateurs ont intégré qu’on peut manger mieux et supprimer des produits malsains, mais continuer à s’offrir des produits « mal notés » parce qu’on les aime (pâte à tartiner, gâteaux ou sodas…) en toute connaissance de cause, donc occasionnellement et avec modération. D’ailleurs, le point rouge sur un produit ne signifie pas qu’il est interdit, mais limité ! Yuka est simplement un outil d’éducation personnalisé, pour que chacun fasse ses propres choix de façon plus avertie et judicieuse.