Tout comprendre aux additifs
Les additifs alimentaires ont un potentiel de risque important, il est donc préférable de les éviter autant que possible. Jeanne Laurent, diétécienne-nutritionniste, nous éclaire sur la question et nous recommande d’acheter des produits non transformés.
Natur’elle : Commençons par la catégorie des colorants : pourquoi sont-ils toxiques?
Jeanne Laurent : Au-delà d’un certain dosage, certains colorants se sont avérés toxiques (comme l’aluminium) ou cancérogènes (comme le dioxyde de titane). Ils peuvent présenter un risque de développer des allergies (la cochenille et le rocou, par exemple). La carmoisine, issue de la pétrochimie, est présente dans les bonbons et certaines pâtisseries industrielles : elle est soupçonnée de favoriser l’hyperactivité des enfants.
La deuxième catégorie, ce sont les conservateurs. Sont-ils vraiment indispensables?
JL : Si on peut manger des produits contenant simplement de « vrais » aliments, pourquoi consommer alors des produits de synthèse en plus ? Certains conservateurs comme les sulfites peuvent entraîner des allergies ou de l’asthme chez les sujets sensibles. En présence de protéines, les nitrites sont susceptibles de favoriser l’apparition de substances cancérogènes appelées nitrosamines.
Les antioxydants empêchent les fruits de foncer, ils sont à base de vitamine C. Est-ce dangereux ?
JL : Attention, il faut faire la distinction entre les antioxydants naturels et les antioxydants additifs. Les premiers limitent le vieillissement cellulaire et les risques de cancer en luttant contre les radicaux libres. Les antioxydants additifs évitent simplement aux fruits de foncer, et oui, il s’agit effectivement la plupart du temps de vitamine C (de synthèse) ou d’acide citrique (issu du citron… ou de synthèse). Mais sachez toutefois qu’il n’y a aucun danger à manger une banane trop mûre, bien au contraire, elle sera remplie d’antioxydants naturels.
Les agents de texture regroupent les émulsifiants, les épaississants et les gélifiants, mais aussi certains édulcorants. Ils sont très employés dans les charcuteries, les glaces, les pâtisseries… Sont-ils à éviter plus que les autres?
JL : Les plus fréquemment utilisés sont la pectine, la gomme de caroube et les carraghénanes, qui ne présentent a priori pas de risques pour la santé. On trouve aussi souvent les gommes de guar et xanthane qui, à haute dose, provoqueraient des inconforts digestifs (ballonnements, flatulences…). Enfin, on remarque aussi souvent la présence de gélatine bovine, notamment
dans les crèmes desserts : les végétariens doivent rester vigilants. Dans cette catégorie dite
« de texture, » les épaississants et les gélifiants employés sont les extraits d’algues ou la farine de caroube, les gommes, le konjac, la pectine… Les gâteaux secs labellisés bio en regorgent…
JL : Effectivement, on se sent rassuré car on trouve ces additifs dans des produits vendus en magasins bio. Or consommés en quantités importantes, ces gélifiants et épaississants provoquent des désagréments digestifs de type ballonnements, flatulences, diarrhées… Gardons en tête que le konjac et l’agaragar ne sont pas autorisés dans certains aliments tels les bonbons à cause du risque d’étouffement. À utiliser donc avec précaution et modération!
Les industriels font certains efforts, qu’en dites-vous?
JL : Les consommateurs ont désormais conscience de l’importance de prendre soin de soi à travers l’alimentation, l’industrie agroalimentaire a donc intérêt à répondre à cette demande. On note une tendance à la transparence de la part des industriels, à une proposition de produits plus « naturels », une augmentation du bio et du local… Mais tout commence par nous !
Comme les autres additifs, les édulcorants n’ont pas de valeur nutritionnelle, et pourtant, plus de 300 sont autorisés en Europe.