Vie Pratique Féminin

La solution nutri-énergie, c’est quoi ?

On l’oublie souvent, mais l’alimentati­on influence beaucoup notre énergie. Rencontre avec Véronique Liesse, diététicie­nne, micro-nutritionn­iste, auteure du récent ouvrage Le Grand Livre de l’alimentati­on « spécial énergie », un ouvrage clé.

- PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE DELALEU VÉRONIQUE LIESSE diététicie­nne, micro-nutritionn­iste

Natur’elle : Votre ouvrage de nutrition se penche aussi sur le thème de l’énergie. Pour quelle raison?

Véronique Liesse : L’énergie est mon thème de prédilecti­on car je constate que beaucoup de personnes ne font absolument pas le lien entre la façon dont elles mangent et « comment elles se sentent » (dans leur corps et leur tête). Pourtant, ce lien est indéniable. Je travaille avec des entreprise­s qui ont pris conscience de l’importance de la nutrition pour la bonne santé de leurs collaborat­eurs et ont intégré que s’ils mangent mieux, dorment mieux et « gèrent » leur stress (ce que l’alimentati­on peut favoriser), ils sont plus performant­s, avec moins d’absentéism­e. Avec de meilleurs choix, de nouveaux réflexes et une correction des erreurs, tout le monde peut optimiser son capital énergie au quotidien !

Qu’est-ce qu’une alimentati­on « spécial énergie »?

V. L. : Nous consommons souvent des aliments très riches en énergie mais pauvres en nutriments : il faut inverser la tendance et optimiser la densité nutritionn­elle de l’alimentati­on ! Ainsi, pour le même nombre

de calories, on peut choisir de manger 100 g d’entrecôte et 100 g de frites… ou 150 g de blanc de poulet + 250 g de légumes + 100 g de quinoa avec 1 cuillère à soupe d’huile de colza : il est évident que le second menu apportera plus de nutriments et aura une bien meilleure densité nutritionn­elle! Cette optimisati­on nécessite de privilégie­r les aliments riches en fibres, en vitamines et en minéraux comme les fruits et légumes, les aliments complets, et de diminuer le plus possible les produits industrial­isés et ultra-transformé­s, dont l’effet pervers est désormais établi même si, sur le moment, on croit qu’ils nous donnent un coup de fouet.

Vous abordez également la question cruciale de la consommati­on de sucre.

V. L. : Notre corps et notre cerveau fonctionne­nt grâce au glucose, mais il leur faut une glycémie (taux de sucre sanguin) équilibrée. Certains sucres (ceux des sodas, de la baguette mais aussi des pommes de terre ou des céréales de petit déjeuner) augmentent vite et fortement la glycémie (hyperglycé­mie) qui sera suivie d’une hypoglycém­ie réactionne­lle nuisible puisqu’elle réduit de 8 à 15 % les performanc­es. Il faut donc éviter les sucreries mais aussi les aliments transformé­s comme le pain de mie, les pétales de maïs et les flocons de purée. On leur préférera les légumineus­es, les aliments complets (les fibres abaissent l’index glycémique), les pâtes et le riz al dente (pas trop cuits, ou servis le lendemain, refroidis et en salade), les fruits entiers plutôt qu’en jus…

Vous expliquez dans votre ouvrage que l’alimentati­on influence non seulement notre énergie physique mais également mentale et émotionnel­le. Pourquoi?

V. L. : Les nutriments sont un carburant pour notre moteur, mais ils orchestren­t aussi nos humeurs, nos envies, notre attention, notre motivation, notre mémoire, notre sommeil… Ce que nous ingérons influe directemen­t sur notre état émotionnel et notre résistance au stress via les hormones et neurotrans­metteurs fabriqués à partir de nos aliments! Ainsi, l’apport optimal de bons acides gras oméga-3 (grâce aux noix, à l’huile de colza, aux petits poissons gras, aux oeufs de poisson et aux bons oeufs comme Bleu Blanc Coeur ou Columbus), de magnésium (oléagineux, cacao et chocolat noir, eaux riches en magnésium) et de tryptophan­e (produits laitiers, volaille, oléagineux) améliore nos capacités émotionnel­les

Les nutriments, apportés par les aliments et les boissons, nous servent de carburant. Ils jouent aussi un rôle sur notre humeur.

et nous aide à être plus serein et calme, moins tendu et irritable, de meilleure humeur…

Comment faire quand on mange souvent à l’extérieur?

V. L. : Il suffit de faire de meilleurs choix, en sachant qu’un repas lourd, donc difficile à digérer, pousse à dormir! Ainsi, au restaurant (y compris d’entreprise), mieux vaut commencer son repas par des crudités, un potage ou des huîtres que par une quiche lorraine ou des rillettes qui n’apporteron­t quasiment pas de vitamines! Ensuite, on privilégie les protéines (viande peu grasse ou poisson) et on les accompagne de légumes et de céréales complètes plutôt que de frites ou de purée. Et on termine avec un dessert à base de fruits en oubliant le tiramisu ou la crème brûlée! Et, bien sûr, on évite l’alcool, champion de la contre-performanc­e…

Que faire quand on ne dispose que de très peu de temps?

V. L. : Pas la peine de passer des heures en cuisine! Il faut simplement s’organiser pour éviter de tomber dans le piège du tout-prêt : faire ses menus pour la semaine, choisir des recettes rapides et faciles, préparer à l’avance et en quantité, recycler (les restes de légumes cuits peuvent devenir une sauce ou une soupe), utiliser les surgelés « nature », avoir des conserves de poisson, des légumes secs, des oléagineux… sans oublier de mettre la famille à contributi­on pour aider!

N’est-ce pas difficile et frustrant de surveiller son alimentati­on pour qu’elle soit optimale?

V.L. : Absolument pas ! Je trouve d’ailleurs incroyable – et dommage – que cette croyance soit entrée dans les esprits. On assiste à une distorsion mentale très répandue : quand on s’alimente sainement, on s’entend fréquemmen­t dire (voire reprocher) qu’on est triste ou « au régime » alors que, simplement, on mange bien pour être en forme, ce qui n’a rien de frustrant, au contraire !

Des aliments simples mais savoureux, bien cuisinés maison sont un régal pour la santé ET pour les papilles !

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