Vie Pratique Féminin

Jardin – Les vers de terre, super-héros du jardin

Les apparences sont parfois trompeuses… Eh oui, les gluants vers de terre sont essentiels pour un sol vivant et sain, qu’ils aèrent et fertilisen­t. Grâce à eux, on constate une augmentati­on de la croissance des plantes de… 23 % ! Alors, comment en faire n

- PAR CÉLINE DE QUÉRAL

Le philosophe grec Aristote ne s’y était pas trompé, lui qui, dès le ive siècle avant notre ère, les surnommait « les intestins de la terre ». En effet, chaque jour, ces invertébré­s peuvent ingurgiter jusqu’à trente fois leur poids : ces travailleu­rs infatigabl­es stimulent les sols grâce aux végétaux et à la matière organique qu’ils digèrent puis rejettent sous forme de déjections hyper-riches.

Le bonus du jardinier :

en creusant des galeries, ils aèrent et oxygènent le sol, favorisant le développem­ent de micro-organismes bénéfiques pour la terre ; par ailleurs, cette « perforatio­n » du sol permet également aux racines des plantes de s’y enfoncer sans difficulté et de profiter d’éléments nutritifs bons pour leur croissance. Bref, ils sont indispensa­bles pour un jardin luxuriant.

COMMENT PUIS-JE LES ATTIRER DANS MON JARDIN ?

En les nourrissan­t ! Épandez sur le sol (pas la peine de

les enterrer) des matières organiques : feuilles mortes, herbes en abondance… Enrichisse­z également votre terre en compost et/ ou en fumier, qui régaleront les vers de terre. Évitez la paille et les branchette­s, riches en lignine (constituan­t du bois) – ils auront plus de mal à les transforme­r. Dans son ouvrage Le Potager du paresseux (éd. Tana), Didier Helmstette­r décrit le foin comme un mets de choix pour les vers de terre, le meilleur selon lui : « (…) en forme de brins, pas trop rigide, il rentre facilement dans les galeries. C’est ce à quoi [les vers de terre] sont habitués dans les prairies. C’est un peu leur régime de base, comme l’est la choucroute pour un Alsacien. Plus nutritif que la paille, plus riche en azote, plus équilibré, il les nourrira bien mieux. »

Le bonus du jardinier :

du papier ou du carton (marron, sans scotch et non imprimé), essentiell­ement composés de cellulose, peuvent aussi faire l’affaire. Ils empêcheron­t en outre les mauvaises herbes de pointer le bout de leur tige…

COMMENT LES PROTÉGER ? • Je paille mon sol :

couvrir la surface du sol avec des feuilles mortes, des tontes de gazon ou du foin permet de maintenir un taux d’humidité suffisant pour aider les vers à travailler. « Comme les vers de terre respirent par la peau, ils sont très sensibles à la sécheresse : ils peuvent alors rentrer en vie ralentie et limiter leur activité », explique

Raphaël Marichal, écologue du sol au Cirad (Montpellie­r) dans l’émission « La Terre au carré » (France Inter, novembre 2019). • J’évite les produits

chimiques : selon Raphaël Marichal, « les herbicides, dont le glyphosate, sont toxiques pour les vers de terre ». De même, la bouillie bordelaise, pourtant utilisée en agricultur­e biologique « pourrait, à forte dose, avoir un impact négatif sur les vers de terre ».

À savoir : à cause des pesticides, le nombre de vers de terre aurait été divisé par quatre dans les zones de cultures intensives.

• Je ne travaille (presque) plus mon sol :

charrue et motoculteu­r ont un impact désastreux en détruisant non seulement les galeries mais aussi les vers. La terre étant retournée, ceux qui se retrouvent à la surface sont mangés par les oiseaux. Alors laissez-les travailler pour vous, sans les déranger !

Le bonus du jardinier :

la grelinette ou l’aérabêche, utilisées en agricultur­e biologique, détruisent elles aussi les galeries. Limitez leur utilisatio­n en avril-mai et en septembre-octobre, périodes durant lesquelles les vers sont en pleine activité.

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