Changement de vie – Élodie et Émilie : retour à la terre
L’une était juriste à Nice, l’autre réceptionniste dans un hôtel à Cannes les deux trentenaires ont tout lâché pour ouvrir une chèvrerie à Vars. De la mer à la montagne, parcours de ces passionnées de nature qui ont tourné le dos à la ville. :
« Osiris, Omelette, Oméga, Oseille… c’est l’année des “O”, nous avons donc trouvé 80 prénoms commençant par O pour nos chèvres! » commente Élodie en riant. Depuis décembre 2019, La chèvrerie de la Font Sancte a ouvert à Vars. Le nom? Un clin d’oeil à un sommet de la vallée de l’ubaye avec une source… découverte par la chèvre d’une bergère! Passionnées de nature, ces deux citadines attendaient les week-ends pour partir en randonnée dans le Mercantour, l’ubaye, le Queyras… Et puis un jour, une envie de mettre du sens dans leur quotidien s’est imposée. « On voulait vivre dans un environnement sain, avec des chaussures de randonnée toute la journée et pas seulement le week-end ! » se souvient Élodie. Pas question pour autant de faire les saisons, mais plutôt de se lancer dans l’élevage. « Pendant nos randos, on parlait beaucoup avec les bergers, les agriculteurs, les fromagers en alpage », poursuit-elle.
UNE VOLONTÉ : METTRE LA MAIN À LA PÂTE !
C’est d’abord Émilie qui saute le pas et lâche son métier de réceptionniste pour se réorienter en agriculture.
Une fois son brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole en poche, l’ancienne Cannoise enchaîne les stages avant de devenir salariée dans une exploitation fromagère en Savoie. Le but ? Se former au pastoralisme et à la transformation fromagère. Émilie se lance seule. Élodie, plus prudente, poursuit sa carrière de juriste… en passant tous les week-ends à Pralognan-la-vanoise avec Émilie. L’environnement lui plaît, le contact avec les animaux aussi. Au fil des jours, elle se forme sur le tas, naturellement.
« J’ai eu plus de mal à sauter le pas. Je pensais à mes cinq années d’études de droit, au regard des autres en général et de mes parents en particulier », se remémore Élodie. Mais très vite, de retour au bureau, l’ennui la guette. « Je n’attendais qu’une chose : rejoindre Émilie les week-ends et mettre la main à la pâte. »
TROUVER LA BONNE EXPLOITATION
Finalement, la lassitude professionnelle et la perspective de devoir tenir jusqu’à la retraite ont fait sauter les dernières réticences d’élodie. Elle se forme à son tour avant de devenir, elle aussi, salariée dans une exploitation de brebis laitières puis, enfin, d’ouvrir leur propre chèvrerie… Le plus dur ? Trouver la bonne exploitation. Après quelques mois de recherches infructueuses, le bouche-à-oreille fonctionne. De l’autre côté du col de Vars, face à leur Ubaye chéri, se trouve une bergerie tenue par un vieux monsieur… D’abord un peu réticent à l’idée de céder sa bergerie à deux citadines, le montagnard, après des mois de négociations, est conquis par le projet de la chèvrerie… au point de venir donner un petit coup de main aux filles tous les jours, ou presque.
DE 6 H À 21 H… DES JOURNÉES CHARGÉES !
Une journée type ? Réveil à 6 heures… et les taches s’enchaînent : démouler les fromages de la veille, laver les moules, donner à manger aux chèvres, lancer la première traite, emprésurer le lait, meuler, nettoyer, s’occuper des chevreaux, transformer le lait, lancer l’affinage, ouvrir la boutique, lancer la seconde traite ! Sans oublier le marché, un jour à Vars, un autre jour à Guillestre… Et les vacances dans tout ça ? Pas avant deux ou trois ans, le temps que l’exploitation tourne bien et permette d’embaucher une aide. En attendant, c’est au lit à 21 heures et grosse sieste tous les jours !