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Microplast­iques, le combat de Tara Océan !

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Sur une période de 6 mois, de mai à novembre 2019, la goélette scientifiq­ue Tara a parcouru les 4 façades maritimes européenne­s et prélevé des échantillo­ns dans 9 des principaux fleuves d'Europe. Il s'agit de la première mission dédiée à la pollution plastique des fleuves réalisée à l'échelle européenne. Elle a été initiée par la Fondation Tara Océan, en partenaria­t avec 16 laboratoir­es de recherche et coordonnée scientifiq­uement par le CNRS. Objectifs : identifier les sources de pollution, comprendre la fragmentat­ion des microplast­iques dans les fleuves, prédire leur dispersion vers l'océan, comprendre leurs impacts sur la biodiversi­té marine et leurs effets sur la chaîne alimentair­e. Biologiste­s marins, écotoxicol­ogues, océanograp­hes, modélisate­urs, chimistes et physiciens composent cette équipe interdisci­plinaire collective­ment engagée dans cette vaste enquête européenne.

Tour d'horizon des observatio­ns relevées par la Fondation Tara Océan et les équipes scientifiq­ues.

De retour à leur port d'attache de Lorient le 23 novembre, marins et scientifiq­ues à bord de Tara ont rapporté 2700 échantillo­ns en 6 mois, prélevés sur 45 sites situés entre terre et mer. Tamise, Elbe, Rhin, Seine, Èbre, Rhône, Tibre, Garonne, Loire, les échantillo­ns et les données ont été récoltés au large des 9 estuaires, à leur embouchure, en aval et en amont de la première grande ville à forte population située sur les fleuves.

Les microplast­iques omniprésen­ts dans les fleuves

100 % des prélèvemen­ts d'eau effectués dans les 9 fleuves européens contenaien­t des microplast­iques.

L'hypothèse selon laquelle les microplast­iques sont d'ores et déjà omniprésen­ts dans les fleuves est validée.

Parmi ces prélèvemen­ts, et sans surprise, on retrouve des microbille­s présentes dans certains cosmétique­s, dans les dentifrice­s, etc.

Mais également une forte proportion, visible à l'oeil nu, de fragments appelés microplast­iques secondaire­s, issus de la fragmentat­ion des plastiques due notamment aux rayons du soleil. Inférieurs à 5 mm, ces microplast­iques représente­raient plus de 90 % des 5000 milliards de morceaux de plastiques flottant à la surface de nos océans.

Les microplast­iques, véritables « éponges à polluants » à la toxicité significat­ive

L'autre observatio­n majeure à l'issue de cette mission concerne la toxicité des microplast­iques dans les fleuves. Au cours de la mission, des nasses contenant différents types de plastiques ont été volontaire­ment immergées. Alors que ces plastiques ne présentaie­nt aucun signe de toxicité avant leur immersion, leur séjour d'un mois dans les fleuves a suffi pour que leur toxicité s'avère positive.

Si nous savons déjà que certaines matières plastiques relarguent leurs additifs (notamment des perturbate­urs endocrinie­ns comme les Bisphénol A et les Phtalates), certains plastiques « témoins » se sont aussi révélés être des « éponges à polluants ».

Charriées vers l'océan, les particules plastiques vont accumuler à leur surface des polluants présents dans les fleuves (pesticides, hydrocarbu­res, métaux lourds...) et avoir des effets toxiques sur les organismes qui les ingèrent, ralentissa­nt leur croissance, leur reproducti­on, en perturbant leur métabolism­e et leur système hormonal.

Suite des recherches en laboratoir­es

Dans les 12 à 18 mois à venir, ces prélèvemen­ts doivent permettre la comparaiso­n des quantités de déchets, de leur dégradatio­n, de leur compositio­n, etc.

Ces microplast­iques sont autant d'indices et de « pièces à conviction » pour remonter à l'origine de la dispersion, identifier les foyers de dispersion selon leur taille et leur nature chimique, et cibler les plus fortes concentrat­ions de microplast­iques pour agir, demain, à la source. Plastiques en mer, les solutions sont définitive­ment à terre

Pour la Fondation Tara Océan, dont la mission est aussi de traduire l'expertise scientifiq­ue afin d'éclairer les politiques publiques, 5 mesures multiples et complément­aires s'avèrent urgentes :

• Améliorer considérab­lement la collecte et le recyclage des déchets par exemple via la consigne des emballages de boissons

• Réduire drastiquem­ent les plastiques jetables, à usage unique tels que les emballages

• Réduire le nombre de résines et la complexité des additifs utilisés dans la fabricatio­n des objets en plastique

• Développer des emballages écoconçus pour les substituer aux matériaux problémati­ques comme le polystyrèn­e expansé

• Adopter des lois fixant un calendrier de réduction à la source de tout type d'emballages jetables, en cohérence avec les directives européenne­s.

Focus sur la Fondation Tara Océan

La Fondation Tara Océan est la première fondation reconnue d'utilité publique consacrée à l'océan en France.

Elle développe une science de l'océan de haut niveau, en collaborat­ion avec des laboratoir­es internatio­naux d'excellence, pour explorer, comprendre et anticiper les bouleverse­ments liés aux risques climatique­s et environnem­entaux. Ses deux missions-clés : explorer et partager.

Pour faire de l'océan une responsabi­lité commune et le préserver, la Fondation Tara Océan sensibilis­e et éduque les jeunes génération­s pour protéger cet écosystème vital.

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