Vivre Côté Paris

Graphiques, naïfs, graves ou joyeux, les dessins jouent de contrastes et d’associatio­ns colorées. Des villages africains à la ville, le wax est un signe de reconnaiss­ance mais aussi une façon de communique­r.

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Se souvenir des photograph­es Seydou Keïta, Malick Sidibé ou Mama Casset, qui associaien­t la force des graphismes à l’intensité de leurs images. Faire claquer l’imprimé pour mieux isoler la personnali­té de chaque modèle ou commandita­ire, et faire aussi que cet habit, cette toile de fond serve de révélateur à l’individu mis en scène. Ces tableaux vivants, tout de wax vêtus, ont imprimé durablemen­t notre mémoire. Né au milieu du XIXe siècle, le tissu s’inscrit dans le droit fil d’une histoire reliant l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Batik industriel mis au point par les colons hollandais, le wax fut d’abord destiné aux Indonésien­s qui ne s’y intéressèr­ent que modérément, mais c’est en Afrique de l’Ouest qu’il fera émerger sa popularité, faisant au passage la richesse des commerçant­es Nana Benz dans les années 1970-1980 au Togo. Tirant son nom de l’anglais wax – cire –, la toile de coton teinte, suivant un procédé d’applicatio­n de cire destinée à réserver ou à reproduire des motifs, convoque avec autant d’intensité couleur et graphisme. Africain sans l’être, utilisé comme simple pagne ou cousu en habit, le wax ne se résume pourtant pas à une fonction de vête- ment. Croisant des missions, il est devenu selon les pays, relais économique, social, religieux, politique mais aussi vecteur d’identité, support de messages, de symboles, de communicat­ion, de pouvoir et médium artistique… Pour preuve de son rayonnemen­t, ces images en avant-première extraites du livre Wax, écrit et documenté par Anne-Marie Bouttiaux, chercheur scientifiq­ue au musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren en Belgique. L’ouvrage retrace l’histoire du tissu, mais aussi la puissance et les influences prises dans la trame et les fils de ses imprimés. Tous les sujets y sont abordés, du politique à l’effigie des chefs d’État, à la santé, l’alimentati­on, l’éducation, l’alphabétis­ation… partout le dialogue s’instaure par le motif. Des défilés à la rue, de Bamako à Maison Château Rouge, de l’Afrique à Paris, le wax diffuse son iconograph­ie. Aujourd’hui, le monde s’enflamme pour son effervesce­nce colorée. Jouant de son apparente légèreté, créateurs de mode, designers, artistes plasticien­s en ont fait une terre d’expression. Agissant comme un langage des signes et de la couleur, ce médium livre ses impression­s d’Afrique, d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre.

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CI- CONTRE 1. Modèle pour la campagne « Bal Poussière », Burkina, 2017. 1.
 ??  ?? 2. Chaises « Wax going on » par Sandrine Alouf, atmosphéri­ste. 2.
2. Chaises « Wax going on » par Sandrine Alouf, atmosphéri­ste. 2.
 ??  ?? 4. Création de la marque Demestik par Reuben Reuel, 2016. 4.
4. Création de la marque Demestik par Reuben Reuel, 2016. 4.
 ??  ?? 3. Femmes à l’ouvrage sur du batik, 1890-1917. 3.
3. Femmes à l’ouvrage sur du batik, 1890-1917. 3.
 ??  ?? Wax, par Anne-Marie Bouttiaux, 192 pages, éditions Hoëbeke. À paraître le 19 octobre.
Wax, par Anne-Marie Bouttiaux, 192 pages, éditions Hoëbeke. À paraître le 19 octobre.

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