Vivre Côté Paris

SCULPTEUR D’ESPACE

- PAR Virginie Bertrand

L’énigme Tadao Andô décryptée avant l’inaugurati­on de la Fondation Pinault.

AUTODIDACT­E ET « STARCHITEC­TE » , LAURÉAT DE MULTIPLES PRIX DONT LE CÉLÈBRE PRITZKER, TADAO ANDÔ RESTE UNE ÉNIGME. AVANT L’ INAUGURATI­ON PROCHAINE DE LA FONDATION PIN AULTÀ LA BOURSE DE COMMERCE, LE CENTREPOMP ID OU, EN UNE GRANDE RÉTROSPECT­IVE, INVITE À PARTAGER LA VISION DE CE CRÉATEUR HUMANISTE.

« Je réalise mes architectu­res en me demandant comment je pourrais concevoir des choses qui restent gravées dans l’âme des hommes pour l’éternité. » À 77 ans, Tadao Andô s’interroge toujours sur le pourquoi de l’existence de l’architectu­re : « Vu que ce sont les hommes qui s’en servent, elle entretient des liens profonds avec le corps… Il faut que l’architectu­re accueille la joie de vivre des hommes. Sinon, notre corps n’est pas attiré vers elle. » Il travaille sur la lumière comme matériau principal : « Ce que j’ai senti en observant des églises romanes, c’est que seule la lumière était l’espoir. J’ai créé l’Église de la lumière en me demandant si la lumière n’était pas le symbole de la communauté. L’architectu­re consiste aussi à créer des lieux pour la communauté ». Plus qu’un métier, c’est donc une mission qu’il se donne, après un tour du monde initiatiqu­e dans les années 1960, faisant suite à une carrière de boxeur profession­nel. Il semble sculpter l’espace, de vide et de plein, à grands traits géométriqu­es de béton poli, aux allures de pierre érodée. Tactile, il convie le vent, les saisons, la nature et place l’homme au centre. De ses travaux, on ne peut tester, à Paris (lors des Journées du patrimoine, par exemple), que l’espace de méditation édifié pour célébrer le 50e anniversai­re de l’Unesco. Au-delà de la simplicité et de l’épure de cette forme cylindriqu­e, Tadao Andô en a fait une oeuvre symbolique en utilisant du granit irradié provenant d’Hiroshima. L’importante exposition au Centre Pompidou montre, explique, décortique ses réalisatio­ns déterminan­tes, dans une véritable enquête sur les défis relevés depuis un demi-siècle par l’architecte, dans une scénograph­ie signée du maître lui-même. La maison Azuma, à Sumiyoshi (1976), l’Église de la Lumière, à Ibaraki (1989), ou encore la Bourse de commerce, à Paris (en 2019, pour la Fondation Pinault)… La rétrospect­ive met l’emphase sur les principes de création de l’architecte, comme son usage du béton, la prééminenc­e donnée aux volumes ou l’intégratio­n des éléments naturels. En 180 dessins, 70 maquettes originales et une série de photograph­ies de Tadao Andô inédites.

 ??  ?? 2. 3. 1. 4. 1. Shanghai Poly Grand Théâtre, 2014. Cinq tunnels à charpente d’acier traversent la structure en béton, créant des espaces couverts mais non fermés, qui peuvent servir à des performanc­es. 2. Église de la lumière, Ibaraki, Osaka, Japon, 1989. L’ouverture cruciforme magnifie la lumière. 3. Portrait de Tadao Andô par Kazumi Kurigami. 4. Musée d’Art moderne de Fort Worth, au Texas, 2002. 5000 m2 de verre et de béton, un travail de la lumière basé sur des ouvertures à claire-voie.
2. 3. 1. 4. 1. Shanghai Poly Grand Théâtre, 2014. Cinq tunnels à charpente d’acier traversent la structure en béton, créant des espaces couverts mais non fermés, qui peuvent servir à des performanc­es. 2. Église de la lumière, Ibaraki, Osaka, Japon, 1989. L’ouverture cruciforme magnifie la lumière. 3. Portrait de Tadao Andô par Kazumi Kurigami. 4. Musée d’Art moderne de Fort Worth, au Texas, 2002. 5000 m2 de verre et de béton, un travail de la lumière basé sur des ouvertures à claire-voie.

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