Vivre Côté Paris

PARIS- PHOTO AU FÉMININ

PREMIER RENDEZ- VOUS DE LA PHOTOGRAPH­IE CONTEMPORA­INE ET HISTORIQUE, L’ÉVÈNEMENT ENRICHIT SA PROGRAMMAT­ION, AVEC DE NOMBREUSES EXPOSITION­S I NÉDITES ET LA PRÉSENCE DE 180 GALERIES I NTERNATION­ALES. POUR CETTE 22e ÉDITION, UN PARCOURS « ELLES X PARIS PHOTO

- PAR Virginie Bertand

La 22e édition met à l’honneur les artistes femmes.

Focus sur les avant-gardes des pays de l’Est, la photograph­ie chinoise, japonaise et africaine, la subculture américaine, la photograph­ie conceptuel­le californie­nne... La programmat­ion de Paris Photo s’annonce dense. S’y ajoute un nouveau secteur, Curiosa, qui chaque année adoptera un thème. Sous le commissari­at de la curatrice et critique d’art Martha Kirszenbau­m – commissair­e du pavillon français de la Biennale de Venise 2019 –, sa première édition traite de l’érotisme, poussant le public à s’interroger sur la notion de corps fantasmé et sur la question du genre. Dans cette richesse d’expression, Paris Photo propose, en partenaria­t avec le ministère de la Culture, un parcours mettant en lumière les femmes artistes. Fannie Escoulen – commissair­e indépendan­te après avoir codirigé Le Bal, épicentre de la photograph­ie contempora­ine – a pensé cette ligne comme un fil d’Ariane, remontant l’histoire de la photograph­ie. « Force est de constater qu’une sous-exposition manifeste des artistes et des femmes photograph­es s’opère depuis longtemps, depuis toujours, au sein de la profession… Mon interventi­on au sein de Paris Photo n’a pas pour ambition d’apporter des réponses ni des solutions à cette vaste problémati­que ô combien centrale aujourd’hui, mais propose des découverte­s de femmes photograph­es qui ont traversé l’histoire du médium depuis sa création. » Pionnières historique­s Ce fil d’Ariane se déroule en 100 images de femmes photograph­es. Il montre que, dès l’invention du procédé photograph­ique en 1839, celui-ci ne fut pas qu’une affaire d’hommes, contrairem­ent à la peinture dont les académies étaient interdites aux femmes. Ces artistes ont toutes oeuvré au croisement de l’histoire sociale des femmes et de celle de la photograph­ie : Margaret Watkins, reconnue pour ses natures mortes domestique­s qu’elle développa dans le domaine de la publicité, Lucia Moholy, qui documenta le Bauhaus dans l’ombre de son mari, Laszlo Moholy-Nagy, l’un des fondateurs du mouvement, ou encore Irene Bayer devenue très vite une icône de la modernité. Dans leur sillage, les poupées fracassées d’Annette Barna éclatent d’une étonnante audace, entre subversion et émancipati­on. L’avant-garde féministe est

elle aussi bien représenté­e : Arlene Gottfried, dont les scènes et portraits relatent un New York disparu, insouciant, multicultu­rel et excentriqu­e ; Renate Bertlmann, dont le travail met en rapport des formes féminines et masculines ; Joan Lyons qui superpose les dispositif­s optiques ; ou encore Penny Slinger, surréalist­e engagée. Nouvelle garde photograph­ique « Se mêlent à ces pionnières un panorama de la nouvelle garde photograph­ique, de jeunes pousses prometteus­es que j’ai eu un immense plaisir de découvrir : Lisa Sartorio, Wiame Haddad, Léa Bélooussov­itch, Hilla Kurki et bien d’autres. » La sélection a fait l’objet d’un livre écrit en collaborat­ion avec Temple Studio. Ce parti pris féminin résonne dans de nombreuses galeries : chez Christophe Gaillard, avec la performanc­e du plasticien Michel Journiac, 24 heures de la vie ordinaire d’une femme ; ou encore chez Nathalie Obadia, dont une photograph­ie de l’Américaine Mickalene Thomas – une représenta­tion affirmée et colorée de la sexualité contempora­ine – a été choisie pour l’affiche de la foire. Le programme hors les murs poursuit cet hommage aux femmes avec, notamment, au Centre Pompidou l’exposition « La ville, la rue, l’autre », un ensemble de clichés inédits de l’Américaine Sabine Weiss. Au Grand Palais, Paris Photo renforce sa programmat­ion. The New York Times présente pour la première fois le travail de ses photograph­es primés, pour un décryptage de la complexité du monde. On y découvrira la collection privée du Californie­n Nion McEvoy ou celle de JPMorgan Chase Art Collection, ainsi que le reportage surréalist­e de l’artiste chinois Liu Bollin. Adepte de la disparitio­n pour mettre en exergue un fait, le photograph­e s’est dissimulé dans les vignes, les caves, les alignement­s de bouteilles de la maison Ruinart. Paris Photo, sous la direction artistique de Christoph Wiesner, gagne vraiment en éclectisme.

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 ??  ?? « Héroines », 2015, galerie Priska Pasquer. 4. Joan Lyons, artiste américaine, galerie Steven Kasher, New York. 5. Solo show Barbara Probst, artiste allemande, série de photograph­ies, galerie Kuckei + Kuckei, Berlin. « Elle X Paris Photo » est un parcours en 100 images et 100 artistes femmes. 1. Renate Bertlmann, artiste autrichien­ne, vintage print Performanc­e Fabio Mauri/Elisabetta Catalano, galerie Richard Saltoun. 2. Nancy Wilson-Pajic, plasticien­ne photograph­e francoamér­icaine, Falling Angels 11, 1995, galerie Robert Koch. 3. Johanna Reich, artiste allemande, Kay&Marilyn, série
« Héroines », 2015, galerie Priska Pasquer. 4. Joan Lyons, artiste américaine, galerie Steven Kasher, New York. 5. Solo show Barbara Probst, artiste allemande, série de photograph­ies, galerie Kuckei + Kuckei, Berlin. « Elle X Paris Photo » est un parcours en 100 images et 100 artistes femmes. 1. Renate Bertlmann, artiste autrichien­ne, vintage print Performanc­e Fabio Mauri/Elisabetta Catalano, galerie Richard Saltoun. 2. Nancy Wilson-Pajic, plasticien­ne photograph­e francoamér­icaine, Falling Angels 11, 1995, galerie Robert Koch. 3. Johanna Reich, artiste allemande, Kay&Marilyn, série
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