L’EFFET MIROIR
Cette microsurface joue de style et d’intelligence.
La jeune architecte Emmanuelle Simon signe l’écrin de ce pied-à-terre ciselé, où miroirs et reflets recomposent les perspectives. Un concentré d’intelligence, qui illustre en quelques mètres carrés bien menés, la personnalité de cette figure prometteuse, lauréate en 2016 du prix du Public de la Design Parade de Toulon.
Une vraie question ... Comment implanter dans 27 mètres carrés toutes les fonctions nécessaires au quotidien tout en préservant une réelle impression d’espace ? En modifiant la perception visuelle, répond l’architecte. Emmanuelle Simon, experte en illusions d’optique, en a fait l’un des enjeux de la rénovation de cet appartement en rez-dechaussée. Un bijou d’architecture intérieure, où chaque coin et recoin a fait l’objet d’un dessin de haute précision. Dès l’entrée, le décor est planté par la présence d’un meuble-cuisine central, entièrement serti d’une feuille de laiton en creux. « Je voulais représenter la sensation d’un fruit à peine croqué, qui donne à voir le contraste entre l’intérieur et l’enveloppe extérieure » , souligne cette architecte qui pense chaque lieu comme un écrin unique. L’idée devient fil rouge jusqu’à privilégier une robinetterie et un évier dans le même matériau. L’ensemble démultiplie les reflets et les effets d’illusion, sur fond de couleur miel. L’architecte, également en charge de la sélection du mobilier sur ce projet, brouille encore les lignes par l’accumulation de miroirs. Diplômé en architecture d’intérieur et design de l’école Camondo, Emmanuelle Simon débute au sein de l’agence de Pierre Yovanovitch et, après avoir fondé son agence en 2017, reçoit en 2016 le prix du Public de la Design Parade de Toulon avec son installation La Chambre sur l’eau. L’épure et la maîtrise des lignes s’accompagnent, chez cette Franco-Israélienne, d’un goût pour la lumière évanescente et pour les influences méditerranéennes. Dans ce pied-à-terre conçu comme une suite d’hôtel, le béton ciré mat prend l’aspect d’un traitement à la chaux. Que ce soit sur la table du coin repas ou sur les façades des meubles, en version gris clair ou vieux rose, l’effet se veut doux et velouté. Les matières brutes, le travertin, l’osier, le rotin, le lin, interviennent dans les accessoires, le mobilier et le textile, insufflant une note d’authenticité aux lignes claires de l’architecture des lieux. Un style maîtrisé, sensuel, sensible, en lien avec le courant Art déco et l’esthétique japonaise wabi-sabi, « très nature », privilégiée par Emmanuelle Simon. Sa collection de meubles et luminaires Rakù-Yaki, en céramique, en est un autre témoignage. Un concentré de sophistication et d’épure.