NOUVEAUX USAGES
Fabriquer avec des matériaux biosourcés, réduire la consommation d’énergie et l’empreinte carbone, anticiper les nouveaux usages, préférer la location… Marques et designers s’allient dans l’innovation.
4. FABRIQUER AVEC DES MATÉRIAUX BIOSOURCÉS, RÉDUIRE LA CONSOMMATION D’ÉNERGIE ET L’EMPREINTE CARBONE, ANTICIPER LES DÉSIRS ÉMERGENTS, BOOSTER LA CRÉATION, PRÉFÉRER LA LOCATION… LES MARQUES ET LES DESIGNERS S’ALLIENT DANS L’INNOVATION. SOUS L’IMPULSION D’UNE NOUVELLE GÉNÉRATION QUI ACCÉLÈRE LE TEMPO DE CES MUTATIONS EN MARCHE.
(Re)Génération: les systèmes se réinventent. Le thème du salon professionnel Maison&Objet, consacré à l’impact des générations Y et Z, 18-34 ans, traite des nouvelles voies du design. Ils seront 75 % des actifs en 2025. Dès aujourd’hui, ils estiment à 75% que les marques manquant de sens disparaîtront et à 68 % que c’est aux grandes entreprises de résoudre les problèmes. Vincent Grégoire, directeur «Tendances» de l’agence NellyRodi complète ces chiffres avec une analyse pointant les attentes de ces «consommacteurs» en matière d’éthique et de naturalité (inclusivité, autre rapport à la propriété, omniprésence de la terre à voir dans la prochaine brasserie de Thierry Marx à la tour Eiffel, biodiversité, la fin du cuir…). Il décrit aussi de «nouvelles géographies» traçables allant d’un monde à leur pied par Internet au renouveau du régional, du local. Le made in France se double d’une volonté de mettre en avant la scène française, artistes et créateurs. Partout les initiatives fusent…
Le Mobilier national sort de sa réserve. Il ne se destine plus uniquement aux hauts lieux de la République et entend diffuser ses créations de pointe réalisées au sein de son ARC, Atelier de Recherche et de Création. André Malraux initie en 1964 ce laboratoire de prototypage d’excellence, dix artisans polyvalents en expérimentation et dépassement constants. En sortent des pièces uniques, plus de six cents à ce jour, peuplant le palais de l’Élysée et les ministères: de Pierre Paulin à Matali Crasset, en passant par Roger Talon, Olivier Mourgue, Jean Dubuisson, Philippe Starck… En s’alliant pour la première fois à une marque, Ligne Roset, « parce qu’elle est dans le patrimoine français depuis 160 ans », le Mobilier national et son directeur Hervé Lemoine mettent « en lumière la mission originelle de l’ARC, à la fois vivier de jeunes designers et interface entre les talents et les professionnels du design ». Le mobilier « Hémicycle » dessiné par Philippe Nigro, est le premier acte de ce partenariat, visible à travers les boutiques Ligne Roset.
Les démarches d’éco-conception se multiplient. Philippe Starck et Cassina explorent les matériaux alternatifs et lancent des assises dont le revêtement, à la douceur du cuir, est réalisé à partir d’épluchures de pommes. Cette édition limitée devrait porter ses fruits! Porada, reconnue pour son savoir-faire ancestral du bois, s’engage dans une démarche écologique en acquérant des forêts de frênes et de chênes de 450 hectares en Bourgogne. Une nouvelle marque se dédie totalement au concept d’éco-design, à la faveur de l’union de trois personnalités : Hubert de Malherbe, designer, Thierry Lemaire, architecte, et Paolo Castelli, directeur de création. Six mains dessinent le mobilier Greenkiss, en matériaux recyclés ou issus d’une filière éthique et contrôlée.
Un design économe et solidaire. Lauréats du talent émergent des Grands Prix de la Création de la Ville de Paris 2019 et du Rising Talent Maison&Objet 2020, Natacha & Sacha bousculent avec poésie et ingéniosité un secteur à l’obsolescence programmée: l’électroménager. Ils privilégient des matériaux alternatifs: la céramique pour une bouilloire sur socle à induction, la brique pour des radiateurs suspendus sur rail au plafond. Ils inventent une autre façon de se chauffer, moins énergivore en réchauffant les personnes plutôt que l’air ambiant, avec des coussins et banquettes diffusant de la chaleur. Emmaüs innove avec l’Atelier Emmaüs, défrichant des nouvelles filières de récupération de déchets industriels, bois, textile et sollicitant des designers connus comme Iona Vautrin, Ferréol Babin à la création et des travailleurs en réinsertion à la réalisation. Leurs objets se vendent à la librairie-concept store du 107 rue de Rivoli et sur l’eshop d’Emmaüs.
De nouveaux usages et services. Ramy Fischler, designer de l’année 2017, fomente au sein de son studio RF une nouvelle méthode de travail relevant de la fiction. Il imagine une sorte de téléréalité du futur sur Maison&Objet. Dans un trois pièces, évoluent des millennials. La cuisine se déleste de son réfrigérateur pour des potagers sur étagères. Le salon s’envisage en «social hub» et s’ajoute une pièce d’interface digitale. Des nouveaux comportements apparaissent. Ligne Roset et Cinna les devancent, quand il s’agit de préférer la location à l’achat. Avec leur offre LOA, il devient possible de louer son mobilier, avec option d’achat. Ce nouveau service permet de s’offrir le canapé rêvé, le «Togo» de Michel Ducaroy pour les plus nostalgiques, le «Pumpkin» de Pierre Paulin… en prime les conseils des architectes d’intérieur de Ligne Roset-Cinna et un service d’entretien. USM aussi teste les nouvelles envies de la génération Wi-Fi en conviant le duo de créateurs à peine trentenaires Coperni. Arnaud Vailland et Sébastien Meyer pensent « chaque pièce du mobilier comme une toile – en référence à celle du Web –, neutre et modulable à l’infini par son utilisateur» dans un jeu de construction à partir des éléments modulaires d’USM.