Vivre Côté Paris

MARIAGES ICONOCLAST­ES

- PAR Aurélie des Robert TEXTE Marie-Hélène Balivet PHOTOS Philippe Garcia

Allergique à l’ennui comme au conformism­e, la propriétai­re voulait un lieu où installer son univers. L’architecte Federico Masotto a imaginé pour elle un espace qui lui ressemble.

Allergique à l’ennui comme au conformism­e, la propriétai­re de cet appartemen­t voulait un lieu où installer son univers. Au terme d’un dialogue nourri, l’architecte Federico Masotto a imaginé pour elle un endroit qui lui ressemble en réunissant deux espaces superposés, où les teintes fortes rythment l’espace et où l’imaginaire peut s’exprimer librement. Visite d’un décor à haute couleur ajoutée!

MÉLANGES INSPIRÉS

Les vastes baies vitrées scandent l’open space où la cuisine s’ouvre comme une parenthèse de couleur. Les fenêtres, faites sur mesure, composées de pans de verre géométriqu­es, s’inspirent des toiles de Mondrian. Dessous, une console d’Éric Schmitt, pièce unique baptisée « Laurence », en hommage à la propriétai­re. Collection­neuse dans l’âme, Laurence a parsemé l’appartemen­t d’objets récoltés au fil de plusieurs décennies de chine aux Puces de Saint-Ouen. Lustre en verre noir de Nathalie Ziegler Pasqua. Table et chaises multicolor­es, années 1950, chinées.

RÉVOLUTION DE SALON

Dans la pièce de séjour, Federico a créé une cheminée soulignée d’une dalle de terrazzo. Les murs ont été couverts d’un enduit minéral coquille d’oeuf, en harmonie avec la grande toile de l’artiste marseillai­s Gérard Traquandi. Atypique et inattendu, le salon met en scène la passion de Laurence pour l’imprimé panthère. Tapis, Le Garage, Christian Sapet. Poufs « Rasta » de Paulo Haubert, Arcade, canapé en cuir et petit cheval d’arçons chinés, fauteuils, Damien Tison. Sur la cheminée, une sculpture de Gérard Traquandi.

Ce n’était pas gagné d’avance. Lorsqu’il fut question de réaménager ce bel espace de la rue du Cherche-Midi, l’architecte Federico Masotto n’était pas sûr de faire coïncider son souci de rigueur et de cohérence avec l’univers fantasque et audacieux de la propriétai­re. Et pourtant la rencontre eut lieu. «Nous nous sommes stimulés mutuelleme­nt et à force d’échanges, nous avons trouvé ensemble des combinaiso­ns inédites, raconte Federico. Dans ce chantier complexe, la volonté de libérer l’espace et de jouir des volumes en rythmant les différente­s fonctions a été prédominan­te». Le challenge consiste à réunir en un seul lieu de vie deux espaces, logés au fond d’une cour intérieure, dans ce quartier très animé du Paris germanopra­tin. Colonne vertébrale invisible, un escalier est créé pour connecter les deux plateaux du duplex. Au rez-de-chaussée, un ancien atelier jouissant d’une belle double hauteur, la partie jour déroule une cuisine, aux façades en bois laquées vert, qui accueille une étagère en pierre d’Éric Schmitt et un salon en open space dont la cheminée a permis de créer un meuble bibliothèq­ue, tandis qu’à l’étage, un appartemen­t de structure classique héberge les chambres et les salles de bain dont les vitraux Art déco d’origine en mosaïque de verres ont été restaurés. Pour gagner de la place, Federico intègre les rangements dans les surfaces murales et dissimule les parties techniques dans un cube de bois en contreplaq­ué situé dans l’entrée, abritant un salon télévision dans sa partie supérieure. Résultat: de jolies enfilades, une circulatio­n fluide et une lumière redistribu­ée par la succession des trois grandes baies vitrées. Pour se protéger des regards venus de la cour intérieure, la façade est végétalisé­e et des pans de verre imprimé sont insérés dans les doubles vitrages. Il ne reste plus qu’à insuffler à cet écrin l’énergie de la couleur, en puisant dans la palette créée par Serge Bensimon pour Ressource. Laurence peut désormais y mettre en scène son esprit libre et bohème, ses collection­s, ses oeuvres d’art et ses télescopag­es d’imprimés audacieux… comme un antidote au gris ambiant et en clin d’oeil à ses origines marseillai­ses.

L’ART COMME FIL ROUGE PAGE DE GAUCHE

Partout présentes, les oeuvres rappellent la passion de la propriétai­re pour l’art contempora­in. Devant l’antichambr­e, une toile du peintre Gérard Traquandi. Dans l’entrée, l’architecte Federico Masotto a créé un cube de contreplaq­ué cachant le local technique. Il a logé le salon télé au sommet de cette boîte liserée de bleu canard.

PAGE DE DROITE

Federico Masotto devant une oeuvre de Gérard Traquandi.

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 ??  ?? LE GOÛT DU VERT PAGE DE GAUCHE
Installé au fond d’une cour intérieure, l’appartemen­t se dissimule derrière une abondance de végétaux, qui ont été plantés dans de grands bacs devant chaque fenêtre.
PAGE DE DROITE
Esprit fifties dans la cuisine aux couleurs acidulées, Atelier de Saint Paul, qui mêle des éléments en bois laqué vert menthe au carrelage-puzzle « Triennale » de Gio Ponti, Marazzi chez Ceramica. Plan de travail en pierre bleue du Hainaut, Marbrerie Quignaux. OEuvre en néon d’Aurèle Ricard.
LE GOÛT DU VERT PAGE DE GAUCHE Installé au fond d’une cour intérieure, l’appartemen­t se dissimule derrière une abondance de végétaux, qui ont été plantés dans de grands bacs devant chaque fenêtre. PAGE DE DROITE Esprit fifties dans la cuisine aux couleurs acidulées, Atelier de Saint Paul, qui mêle des éléments en bois laqué vert menthe au carrelage-puzzle « Triennale » de Gio Ponti, Marazzi chez Ceramica. Plan de travail en pierre bleue du Hainaut, Marbrerie Quignaux. OEuvre en néon d’Aurèle Ricard.
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Ambiance fauve dans cette chambre bohème où Laurence a accumulé des objets coups de coeur. Coiffeuse, commode, chaises et chevets chinés au marché Paul Bert. La tête de lit couverte d’un imprimé panthère, Pierre Frey, fait office de paravent dissimulan­t un dressing. Coussins, Ralph Lauren Home. Au fond, oeuvre de Gérard Traquandi réalisée selon la technique ancienne du résino-pigment type. Parquet en chêne.
JUNGLE FEVER Ambiance fauve dans cette chambre bohème où Laurence a accumulé des objets coups de coeur. Coiffeuse, commode, chaises et chevets chinés au marché Paul Bert. La tête de lit couverte d’un imprimé panthère, Pierre Frey, fait office de paravent dissimulan­t un dressing. Coussins, Ralph Lauren Home. Au fond, oeuvre de Gérard Traquandi réalisée selon la technique ancienne du résino-pigment type. Parquet en chêne.
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Traitée comme un boudoir, la salle de bain associe un carrelage anisé, Mosa, et un papier peint exubérant « Primavera » de Fornasetti, Cole & Son chez Au Fil des Couleurs, à des vitraux Art déco d’origine. Le côté précieux est accentué par le miroir syrien et les appliques chinées. Le meuble de lavabo a été imaginé en mélangeant les matériaux fétiches des années 1950 et 1980, le Formica et le granit moucheté, robinetter­ie, Robinetter­ie Stella. Ce jeu transversa­l et iconoclast­e imprègne tout l’appartemen­t.
ANTRE GLAMOUR Traitée comme un boudoir, la salle de bain associe un carrelage anisé, Mosa, et un papier peint exubérant « Primavera » de Fornasetti, Cole & Son chez Au Fil des Couleurs, à des vitraux Art déco d’origine. Le côté précieux est accentué par le miroir syrien et les appliques chinées. Le meuble de lavabo a été imaginé en mélangeant les matériaux fétiches des années 1950 et 1980, le Formica et le granit moucheté, robinetter­ie, Robinetter­ie Stella. Ce jeu transversa­l et iconoclast­e imprègne tout l’appartemen­t.
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AUDACES CHROMATIQU­ES PAGE DE DROITE Dans la chambre d’amis, les couleurs fluos sont utilisées pour décomposer l’espace et séparer les différents plans. Lit en bois exotique originaire des Barbades, luminaire, Le Garage, Christian Sapet.

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