POP CULTURE
La décoratrice Sophie Erkelbout a transformé un ancien atelier de sculpteur en duplex coloré et pétillant, prenant soin de respecter un équilibre.
La décoratrice Sophie Erkelbout a transformé un ancien atelier de sculpteur en duplex coloré et pétillant, prenant soin de respecter un équilibre, entre références à la pop culture et fidélité à la mémoire des lieux. Les couleurs vives et électriques se superposent à des pièces de mobilier originales pour créer une atmosphère acidulée, rappelant les années 1970.
Image d’Épinal surannée, carte postale idyllique, nid d’aigle apprivoisé, décor cinématographique? Rêve éveillé ou réalité inespérée ? Ici, c’est un peu tout cela. Avec le Sacré-Coeur, en toile de fond, faisant le lien entre la terre et le ciel, difficile de ne pas interpeller l’imaginaire. D’ici, Paris semble être à nos pieds, alors que le regard se perd dans le panorama. Montmartre est un spectacle permanent qui bute sur sa nostalgie rétro, son romantisme retravaillé et sa propre mythologie. Extrait choisi de ce monde perché, ce plateau salon-cuisine aux accents pop, en rouge et bleu, quasi psychédéliques, voire cosmiques, agrémenté de mobilier original chiné au gré du hasard, nous propulse littéralement au coeur des années 1970. « Quand j’ai trouvé cet atelier je revenais d’un long séjour à Montréal, raconte Sophie, c’était avant la gentrification du quartier. L’ancien propriétaire était une forte personnalité, un habitué du Palace, un personnage haut en couleur habillé d’un manteau en fourrure aux airs de Jack Nicholson dans Shining. » L’appartement avait été oublié, la décoration avec. À son arrivée, Sophie fait tomber les cloisons afin d’ouvrir l’espace et de faire entrer la lumière et les couleurs primaires. « Tout était écrit et dessiné dans la structure de ces deux étages. J’ai conservé le parquet d’origine, que j’ai simplement peint en noir, sauf pour la chambre où il est blanc et sur lequel j’ai versé de la résine époxy pour l’imperméabiliser. Les couleurs de l’appartement, dont le bleu de certains murs que j’ai choisi en hommage à Yves Klein, jouent d’intensité. » La décoratrice précise : « J’ai été biberonné aux salles de ventes et j’ai toujours fréquenté les Puces. Je me suis intéressée à la décoration sans aucune idée préconçue et de façon très intuitive, en autodidacte. Je me suis attachée à repérer, transformer des espaces en ruine, des appartements dont personne ne voulait.» C’est bien là, la signature de Sophie Erkelbout, qui sait si bien révéler les lieux oubliés, les réveiller, les sortir de leur torpeur en leur redonnant vie. Comme ici, à travers ce bel hommage aux années 1970 « cette décennie était empreinte d’utopie libertaire qui m’a éblouie ». Souvenir de cette époque de tous les possibles, cet appartement où la liberté de ton prend tout son sens, révèle un peu et même beaucoup de la personnalité de Sophie. L’effet miroir sans doute…