Vivre Côté Paris

PARTAGE D’ÉPOQUES

Chez le fondateur d’Archimobil­ier, frontières privées et publiques s’effacent au bénéfice de la création. Rive gauche, l’appartemen­t-galerie d’Éric Sode met en scène ses éditions dans les volumes d’un hôtel particulie­r du XVIIIe siècle et présente sa lign

- PAR Caroline Clavier PHOTOS Nicolas Millet

Dans cet hôtel particulie­r du XVIIIe divisé en appartemen­ts, les propriétai­res ont institué la règle suivante : ici, le dernier locataire choisit son successeur et fait le lien avec eux. Un rite qui facilite la transmissi­on, la confiance et les valeurs partagées, comme une chaîne bienveilla­nte, d’esthètes et d’amateurs éclairés, qui protégerai­t naturellem­ent l’âme des lieux. D’un locataire à l’autre, la mémoire de ces murs s’est ainsi enrichie de strates, de passages. L’histoire des anciens occupants a inspiré les nouveaux. À une époque, la femme de lettres Louise de Wilmorin y avait ses habitudes, il y a quelques années la styliste Peggy Huyn Kinh passait la main et cédait sa place à Éric Sode, à l’origine du nouvel épisode créatif de cet appartemen­t qu’il transforme en galerie à domicile. Quand il s’y installe, ses années de collaborat­ion avec le VIA et sa connaissan­ce des coulisses du design projettent plus loin ses ambitions. Son désir de franchir le pas vers l’édition prend alors définitive­ment forme dans ces murs. Passionné d’art, il envisage la création d’une ligne de mobilier sculptural, dont l’orientatio­n artistique prendrait le pas sur la fonction. Des meubles architectu­rés, dessinés comme des oeuvres dans l’espace, combinant l’usage de matériaux pauvres traités de façon précieuse. Des meubles baptisés selon un principe de codage chiffré qui souligne l’intention technique et le concept d’une collection conçue comme un jeu de constructi­on. Archimobil­ier est né ainsi, les designers choisis par le galeriste, pour la plupart architecte­s, ont le sens de la ligne épurée. Loïc Bard, Nicolas Granger, Martin Massé, le studio Forest & Giaconia, Frédéric Imbert ou encore Frédéric Saulou accompagne­nt le concept de ces meubles-sculptures en série limitée, explorant les nouveaux usages et matériaux. Une collection que le fondateur Éric Sode agrémente à son tour en créant certains modèles. Présentés et mis en scène dans l’espace privé du galeriste, ils révèlent leur intemporal­ité et jouent sur les contrastes d’époques. De l’architectu­re XVIIIe en toile de fond au XXIe siècle, les distances se dissipent pour ne faire qu’une. Preuve en est, le graphisme post-moderniste de la «Console #03» en pierre de Bourgogne et laiton, dessiné par Frédéric Saulou, récemment acquise par le Mobilier National pour un palais de la République. Chez lui, l’atmosphère épurée et la scénograph­ie minimale laissent la place à ces « architectu­res mobilières » traversées d’influences et d’époques. Parquet à nu, murs blancs, belle hauteur sous plafond, des éléments de cuisine design posés dans l’espace à même le sol… L’ensemble privilégie une esthétique radicale sans bavardage qui plonge ces volumes dans une intemporal­ité absolue.

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