Choisissons d’apprivoiser la couleur ou de la projeter, comme le miroir de nos émotions, tantôt sortie du tube sans artifice, tantôt mélangée ou texturée, étirant sa palette du blanc au noir, dans un large spectre de tonalités, du pastel au primaire.
Thérapie de choc pour ne pas se laisser prendre dans les sables mouvants d’une période qui enlise nos repères, choisissons la couleur comme antidote à l’incertitude ambiante, comme geste barrière à la morosité du moment. Couleur qui farde de rose poudré les murs d’un appartement haussmannien, de bleu dragée le plafond mouluré d’un salon, qui ponctue les motifs d’un papier peint ou d’un tissu recouvrant un canapé, qui émaille de vert mousse les zelliges d’une cuisine ouverte sur cour, celle qui pigmente de mystère un long corridor, qui pimente une salle de bain d’ocre rouge, qui plaque son intensité, ouvre la profondeur, celle qui claque, stimule, électrise, accroche la lumière ou s’estompe avec le temps… Choisissons de l’apprivoiser ou de la projeter, comme le miroir de nos émotions, tantôt sortie du tube sans artifice, tantôt mélangée ou texturée, étirant sa palette du blanc au noir, dans un large spectre de tonalités, du pastel au primaire. Couleurs acidulées, toniques, vibrantes pour incarner le ton ou l’esprit d’un lieu, le métamorphoser. Dans un moment gris intense comme celui que nous traversons, le prisme chromatique nous éclaire. Il ouvre un cheminement mental, un sas de décompression. Architectes d’intérieur et coloristes, Joséphine Theet, Sandra Benhamou, Stéphane Poux redessinent l’espace à coups d’aplats ou de ponctuations graphiques comme le peintre donne vie à sa toile. Pour cette rentrée inédite, nous avons donné carte blanche à la couleur. À l’heure où Paris vit habituellement au rythme de la culture, entre la Fiac, Paris Photo et de bien d’autres évènements aujourd’hui annulés ou décalés, gardons aussi le fil de la création en visitant des oeuvres de Land art, qui font de la nature une galerie à ciel ouvert, en ouvrant les portes des ateliers d’artistes, en apprivoisant les paysages imaginaires d’Antonin Anzil, jeune artiste trentenaire qui griffe le papier à la pointe sèche. Et en se projetant dans une autre dimension encore, celle de la cuisine, où fusionnent le goût et les couleurs de la convivialité, commençons à renouer avec des jours meilleurs.