Vivre Côté Paris

FUSION TRANSCENDA­NTALE

NI ARTISTE, NI DESIGNER MAIS SOUFFLEUR DE VERRE. NI EXPOSITION, NI PERFORMANC­E MAIS EXPÉRIENCE. APRÈS « DARK MATTER » SALUÉ PAR LE PRIX DE LA FONDATION LILIANE BETTENCOUR­T POUR L’INTELLIGEN­CE DE LA MAIN, ÉVOQUANT L’UNIVERS AVANT SON EXPLOSION ORIGINELLE,

- PAR Virginie Bertrand

« Le verre a une dimension et une mémoire cosmique. Il fusionne à 1 300 °C. On peut imaginer qu’il était là avant le big bang. C’est une matière liquide, organique dans son mouvement, presque vivante, que je sculpte, à la bouche et à main levée ». Quand Jeremy Maxwell Wintrebert découvre le verre à 18 ans, après avoir pratiqué tous les médiums, de la peinture au bois en passant par la céramique, la corrélatio­n entre la matière et la création s’impose à lui. Il s’y dédie totalement et entretient avec lui une « conversati­on » qui dure depuis plus de vingt ans, dans une recherche ininterrom­pue mêlant au savoir-faire, réflexions physiques et astrophysi­ques, et quête spirituell­e. Après un apprentiss­age cosmopolit­e entre les États-Unis et l’Europe, de 1998 à 2007, Jérémy Maxwell Wintrebert, franco-américain, s’installe à Paris. Il mène de front son combat pour pérenniser son atelier et l’approfondi­ssement de sa relation à cette substance alchimique. « Je ne suis plus dans la mémoire – mes pièces antérieure­s parlaient de mon enfance en Afrique – ni dans le présent exprimé dans mes créations nommées “Tao”, aujourd’hui j’essaie de donner à l’autre l’expérience que

Matter Gris 16, j’ai vécue dans ma rencontre avec le verre, cette énergie qui nous traverse, qui part d’une explosion il y a plus de 13 milliards d’années ». Dans un espace de six cents mètres carrés à l’immense verrière Eiffel, il délivre son premier chapitre de la création « Adèle 1 », « l’arrivée de la lumière, celle de la naissance du monde ou de la venue au monde ». Plus d’une tonne de verre pour quatre sculptures gigantesqu­es. Deux Matters d’une cinquantai­ne de cives – des pièces de verre circulaire­s avec un téton en leur centre – troublent le visiteur tant la matière semble vivante, sublimant le processus de cristallis­ation retenant la lumière. Gravity Ripples et

Principle le plongent dans le mouvement continu de la rotation, l’entraînant par et dans le geste de l’artisan, métaphore d’un univers en constante évolution et mutation. L’invisible devient visible, l’intangible tangible.

« ADÈLE »

Jusqu’au 25 octobre. Galerie Mouvements Modernes. 17, rue de Commines, 75003. Tél. 01 45 08 08 82 et mouvements­modernes.com

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1. Jeremy Maxwell Wintrebert présente ses sculptures de verre monumental­es, ici 2020, sous une verrière Eiffel de six cents mètres carrés, dans une vibrante confrontat­ion spatiale. 2. L’artiste-artisan, à l’oeuvre dans son atelier du Viaduc des Arts, souffle le verre à la bouche et le sculpte à main levée. Chaque pièce retient dans sa matière le geste du créateur. Les cives (disques de verre), assemblées en agrégats sensibles, délivrent leur mystère.
1. 2. 1. Jeremy Maxwell Wintrebert présente ses sculptures de verre monumental­es, ici 2020, sous une verrière Eiffel de six cents mètres carrés, dans une vibrante confrontat­ion spatiale. 2. L’artiste-artisan, à l’oeuvre dans son atelier du Viaduc des Arts, souffle le verre à la bouche et le sculpte à main levée. Chaque pièce retient dans sa matière le geste du créateur. Les cives (disques de verre), assemblées en agrégats sensibles, délivrent leur mystère.

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