ARCHITECTURES JOAILLIÈRES

CE NE SONT PAS LES PIERRES QUI SONT PRÉCIEUSES ! MAIS SA LIBERTÉ. DÈS 1950, JEAN VENDOME S’AFFRANCHIT DES RÈGLES DE LA JOAILLERIE, LUI PRÉFÉRANT UNE APPROCHE EXPÉRIMENTALE ET ARTISTIQUE. SES CRÉATIONS, SOUVENT UNIQUES, TOUJOURS INÉDITES, S’ARTICULENT EN C

«Servir les pierres sans les trahir». Jean Vendome, dont 130 pièces exceptionnelles s’exposent à l’École des Arts Joailliers, avec le soutien de Van Cleef & Arpels, préfère au diamant, la tourmaline, la calcédoine, la malachite, l’améthyste… aux multiples inclusions énigmatiques. Leurs méandres et leurs strates subjuguent le joaillier. Pour elles, il supprime les montures traditionnelles et élabore une structure en quadrillage, juxtaposant ou superposant des pierres coupées en tranche, révélant en transparence leurs veines colorées. Ou les dresse simplement sur une bague-tour. Ou encore les anime dans un collier-cravate articulé. «Certaines sont décriées par les puristes parce qu’elles ne sont pas exactement conformes aux critères classiques. Pourtant, malgré leurs imperfections, qui sont aussi leur signature, elles peuvent vous emmener beaucoup plus loin que des diamants de plusieurs carats. Ces pierres-là sont des moyens de transport uniques», commente-t-il auprès de Marlène Crégut-Ledué, auteur du livre Jean Vendome, les voyages précieux d’un créateur. Il innove aussi en surmontant ses sculptures de cristaux bruts en géodes, fruit d’une obsession pour la minéralogie, transmise par Dina Level, gemmologue, et partagée avec son ami l’écrivain Roger 6.

Caillois. Ses pièces captent l’énergie de la seconde moitié du XXe siècle: la conquête spatiale résonne avec les collections Constellations, Aurore Boréale ou Espace, la course à la verticalité de Manhattan se traduit dans les bagues America. Il se rapproche des artistes Maria Elena Vieira da Silva, Jean Degottex, Vasarely, César, Arman, et collabore avec le couturier Paco Rabane. La décennie 1980 s’ouvre sur des «promenades irréelles », où il se concentre sur le «fantastique naturel» des agates. Les années 1990 se démarquent par l’emploi de minéraux aux couleurs de plus en plus fortes, ce qu’il appelle ses «couleurs vagabondes» ou «couleurs en liberté». En soixante-sept ans d’audace et d’invention – sa bague « Boule » se portait déjà de six façons – Jean Vendome réussit l’alliage de l’épure et du baroque, de la géométrie et de l’organique, de l’or et du caillou.

Joaillier artiste et joaillier alchimiste.

JEAN VENDOME, ARTISTE JOAILLIER

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Jusqu’au 18 décembre. École des Arts Joailliers. 31, rue Danielle Casanova, 75001. Tél. 01 70 70 38 40 et lecolevancleefarpels.com

1. 4. 2. 5. La joaillerie émancipée par Jean Vendome. 1. Bague « 5th Avenue », or blanc et diamants, 1966, collection privée. Bague, or blanc, aigue-marine, collection privée. 3. L’artiste joaillier Jean Vendome dans les années 1980, Archives Jean Vendome. Bague « Cube », 1975, or jaune, collection privée. Broche « Nocturne », vers 1977, or blanc, platine, diamants, collection Karen et Michael Rotenberg. Bague « Tour », 1956, or jaune, citrines, collection privée.