RENCONTRES
PAGE DE GAUCHE
Sous le tableau de Gary Simmons, le buffet « 636 Elling » de Gerrit Thomas Rietveld, galerie 2021 Design, est encadré par le lampadaire « Tree Light » de Ron Arad, Zeus, et d’un modèle années quatre-vingt, Remix Gallery. Masques africains, galerie Lucas Ratton. Peinture « Rose clair », PoLyCro de la gamme Polychromie
Le Corbusier, Keim.
PAGE DE DROITE 1. 2.
Vaste, moulurée, solennelle, l’esthétique sage de ces volumes en enfilade, rythmée par l’alignement des fenêtres de son appartement haussmannien offrait une page blanche pour prendre le large. D’instinct, Sandra Benhamou aime les décalages qui mènent aux surprises, les ruptures bien orchestrées. Passionnée d’architecture, à son arrivée, elle retient les jeux graphiques, les courbes, les alcôves de cet appartement, que l’aplat blanc fait disparaître dans une distribution trop classique et attendue. Créer une nouvelle histoire et penser les lieux autrement devient l’objectif. De la couleur pour souligner, réveiller, ponctuer les volumes mais surtout pour révéler les perspectives, telle est l’intention. La légèreté du rose poudré, du bleu dragée, imprime l’esprit du lieu, souligne les moulures et se confronte au bleu intense. Dans le grand couloir, le bleu profond, travaillé par séquences, crée des ruptures et force les contrastes. Les arches se dessinent, les courbes se révèlent, la ligne se tend, révélant un espace contemporain à géométrie variable selon les points de vue. Sous les corniches moulurées de la cuisine et du dressing, des rangements dessinés comme des blocs laqués mats, ponctués de prises de main dissimulées, dont le motif s’inspire de l’univers de Carlo Scarpa, jouent la radicalité de meubles architecturés. La structure posée, laisse alors la voie libre à la scénographie. Une évidence pour l’architecte qui démarrait ses premières années dans le cinéma à New York, là où elle affûte son style, où elle cultive son goût pour la pièce unique, l’art contemporain et les associations libres. Chez elle les correspondances, les histoires se tissent entre références italiennes vintage, influences Memphis années quatre-vingt et autres figures du design du XXe siècle. Travaillant simultanément, l’épure, la matière et le dessin avec agilité et précision, sa signature s’illustre à travers des projets privés ou publics comme la transformation de l’ancienne station marine de Dinard en hôtel 5étoiles, Le Castelbrac, le concept de camping écolo-chic La Plage d’Argens à Fréjus, le bar à burgers Marcel à Bruxelles, ou encore l’hôtel germanopratin Le Belloy. Lors de la Design Week en septembre dernier, Sandra Benhamou a ouvert les portes de son agence de la place du Palais-Bourbon et partagé sa dernière collection de mobilier et d’accessoires. Conçu comme un espace à vivre, son showroom cousu main met en scène rigueur et sens du détail, dans un décor à l’élégance poussée à l’extrême.