NOIR ET BLANC
Un atelier ou l’annexe d’un édifice principal ? Difficile de se souvenir l’origine du lieu car l’histoire s’est effacée avec le temps. Maison de ville ou appartement citadin ? Là aussi, les impressions se confondent. Ce qui se lit aujourd’hui derrière une lourde porte en bois sculpté du Marais, c’est l’entrée d’un immeuble très ancien qui mène à une autre porte, ouvrant à son tour sur une cour pavée. Confidentiel, le lieu se dévoile après un cheminement faisant office de sas de décompression. C’est ici que l’architecte d’intérieur Stéphane Poux a orchestré un projet qui tient davantage de la petite maison que du micro-triplex. Avec John Dickinson, David Hicks et Christian Liaigre pour modèles, l’architecte d’intérieur a fait de la lumière et de la couleur, les marqueurs de sa propre partition. Tirant parti de ces soixante-dix mètres carrés répartis sur trois niveaux, il a installé au rez-de-chaussée, une grande entrée avec des placards laqués et un sol en carreaux ciment aux graphismes colorés qui donne le ton et l’esprit, une cuisine-salle à manger et un salon tout en longueur percé de portes-fenêtres, et peuplé d’objets ramenant tous à un souvenir ou une histoire. Une cheminée à l’éthanol fait le lien entre l’espace-bureau avec bibliothèque laquée corail et le coin salon. Au premier étage, la chambre ouvre sur un balcon et sur la verdure, côté cour. Des bambous qui s’étirent jusqu’à cinq mètres de haut en allant chercher la lumière et autres persistants y déploient leur vert toute l’année. Le deuxième étage sous les toits, abrite salle de bain et rangements dissimulés. Un escalier en chêne clair et un papier peint à motifs relient entre eux les différents étages. Voilà pour l’agencement de cet espace ouvert dont les différentes pièces sont marquées par des repères de couleurs ou des ponctuations graphiques. Autre volonté affirmée de l’architecte d’intérieur, faire entrer la nature à l’intérieur. Par les ouvertures bien entendu, mais aussi par les zelliges qui tapissent un des murs de la cuisine et reprennent la couleur des bambous. Stéphane Poux qui a fait de la couleur une signature, la décline ici en version laquée sur les placards et la bibliothèque, en papier peint rythmé d’humour, en zelliges sous influence marocaine mais aussi en rideaux, objets et mobilier. Canapé d’Hella Jongerius vert mousse, banquette de Christian Liaigre, lampadaire d’Élizabeth Garouste, photo de Jean-Baptiste Huynh ou de Pierre de Vallombreuse, céramiques de Karen Swami et d’Ema Pradère… constituent le répertoire éclectique et ouvert de la propriétaire. Styles et univers se répondent en toute cohérence, accompagnant le charme discret de cette maison-appartement au coeur d’un Paris secret. Le passé devient dès lors contemporain et la magie opère bel et bien.
ÉCLECTISME AU SALON PAGE DE GAUCHE
Sur la table d’appoint « Bell » de Sebastian Heckner pour ClassiCon, Terre Design, lampe « In the sun » de Dominique Perrault et Gaelle Lauriot-Prévost, DCW Éditions, céramiques d’Ema Pradère et de Karen Swami, fauteuil, série Up 2000, design Gaetano Pesce,
B&B Italia. Tapis,
Tai Ping et tapis panthère, Lindell & Co. Au-dessus de la cheminée, poupées africaines, Sénégal années 1930. Bibliothèque en chêne des Marais dessinée par Stéphane Poux, dans laquelle il a intégré une commode en laque rouge. À l’intérieur, lampe verte en céramique de Karen Swami, bureau, Sentou, fauteuil de bureau,
Thonet. Lampadaire « Bonhomme » d’Élizabeth Garouste, en fer forgé patiné noir, édité à 30 exemplaires numérotés pour la galerie En Attendant les Barbares. Chaise rouge «LCW», Charles & Ray Eames, Vitra.
PAGE DE DROITE
Tabourets en châtaignier, Lou Fagotin. Photos de Jean-Baptiste Huynh et Pierre de Vallombreuse.
PAGE DE GAUCHE
Entre les deux lampes Gras « N° 411 », DCW Éditions, trois photos Cernobbio, lago di Como, 1987, de Vincent Thibert. Sur le mur du fond papier peint en raphia, Au Fil des Couleurs. Tapis « Corner », collection Hendi by Parsua,
3 x 2 m, noué à la main en laine, Galerie Chevalier. Linge de lit, coussins et dessus de lit, Caravane.
PAGE DE DROITE
1. Dessins à l’encre de Chine de Michel Guéranger.
2. Sur le balcon de la chambre, fauteuil « Corbusier » en châtaignier manufacturé par Pascal Raffier, La Maison de Commerce.
Guéridon chiné.
3. Guéridon noir, Caravane, rideaux en soie, Jim Thompson, dessins à l’encre de Chine de Michel Guéranger, lampe chinée.
4. Céramique orange, Bitossi, vase en vannerie, Caravane.
SOUS LES TOITS PAGE DE GAUCHE
Dans la salle de bain, plan vasque en Corian, caisson, USM, fauteuil « Daw » de Charles et Ray Eames, Vitra, drap de bain, Hermès.
PAGE DE DROITE
Dans la chambre, l’escalier tapissé de papier peint « Frutto Proibito » de Fornasetti, édité par Cole & Son, Au Fil des Couleurs, mène à la salle de bain. Tapis « Corner », collection Hendi by Parsua, 3 x 2 m, noué à la main en laine Galerie Chevalier . Fauteuil « Corbusier » en châtaignier, manufacturé dans le Limousin par Pascal Raffier, La Maison de Commerce.
Pour de Stéphane retrouver Poux, le style et l’esprit l’agence
Intérieur Design.
Pour ses tapis iraniens Parsua, la galerie Chevalier.
Pour leurs collections de luminaires intemporels, DCW Éditions.
Pour leurs caissons de rangement à utiliser seul ou à assembler en
meuble, USM.
Pour ses pièces de mobilier réalisées par de grands designers, la galerie En Attendant les Barbares.
Pour la fraîcheur et la qualité de ses fleurs, Au Bord de l’eau.
— Adresses page 176