Meilleurs ennemis
Martin Schulz a fait une entrée en campagne tonitruante. Ovationné par les militants, recueillant 100% des suffrages lors du congrès du parti, il déclenche même une effervescence sur les réseaux sociaux. Erigé en messie qui transforme l’eau en vin ou plutôt les votes CDU en votes SPD, Twitter n’a d’yeux que pour le prophète Martin.
Les élections régionales en Sarre ont cependant mis brutalement fin à cette excitation galvanisante autour de l’ancien président du parlement européen. C’est la douche froide pour le SPD qui atteint péniblement les 30%, alors que les sondages donnaient le parti au coude à coude avec la CDU de la ministre-présidente, la star locale Annegret Kramp Karrenbauer, qui s’envole à 40%. La chancelière Angela Merkel, restée impassible face aux gesticulations enthousiastes de son concurrent, savoure cette victoire qui la conforte dans son attitude stabilisatrice et rassurante. Alors qu’elle avait été mise à mal dans ses propres rangs pour sa gestion de la crise migratoire, elle gagne son pari de la continuité dans les urnes. La campagne peut commencer, reste à observer quel signal enverront les deux prochaines échéances électorales régionales au Schleswig-Holstein le 7 mai et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie le 14 mai.
Pour les deux candidats, l’enjeu est de se démarquer. Martin Schulz cherche à représenter une rupture, une alternative plus sociale face à une Angela Merkel qui s’appuie sur ses 12 ans de mandats, son bilan en matière d’emploi et d’économie. Ce que les deux prétendants à la chancellerie veulent à tout prix éviter : gouverner ensemble au sein d’une nouvelle grande coalition, qui réduit les marges de manoeuvre du premier et rend impossible l’existence du second comme force d’opposition…