Croyez ce que vous voudrez !
La kippa, le voile, ou la croix – quelle signification cachent ces symboles ? Revendiquent-ils une appartenance à une religion ? Une identité culturelle ? Ou sont-ils la manifestation d’une ligne de démarcation, une différence entre « les miens » et « les autres » ? Le 18 avril dernier, un jeune juif se faisait agresser dans les rues de Berlin. Parce qu’il portait la kippa. Cet acte odieux a été dénoncé par la classe politique et religieuse dans son ensemble. Des dizaines de milliers d’Allemands sont descendus dans la rue. En Allemagne, un tel fait divers a un retentissement particulier. Comment des actes antisémites peuvent-ils encore être commis dans le pays qui a connu le nazisme et perpétré l’Holocauste ? Comment l’Allemagne, saluée pour son travail de mémoire peut-elle encore être le théâtre de telles agressions ? Les observateurs s’interrogent et s’inquiètent. Certains diront que l’antisémitisme vient de l’immigration du Proche et du Moyen Orient. Mais la fracture est plus profonde. Pour Andreas Söder, ministre-président de Bavière qui veut accrocher des crucifix dans toutes les administrations du Land, ce symbole du catholicisme est un élément indissociable de l'identité allemande. L'Eglise a tout de suite dénoncé cette mesure qu’elle estime porteuse de division. Son prédécesseur Horst Seehofer, devenu ministre de l'Intérieur a quant à lui affirmé que l'islam ne faisait pas partie de l'Allemagne. Une allégation aussitôt démentie par Angela Merkel. Depuis plusieurs années, le mouvement Pegida et l’AfD ont une fâcheuse tendance à faire l’amalgame entre islam et islamisme, à assimiler les musulmans à des terroristes. Et le débat sur le voile dans les écoles et les universités continue d’agiter les esprits. La religion devient l’objet de toutes les crispations. Dans une analyse particulièrement fine, le Spiegel confronte les événements de l’actualité au modèle de liberté religieuse qu’institue la Loi fondamentale. Le vivre ensemble dans le respect des confessions de chacun ne paraît pourtant pas si loin.