Incandescente indécence
Le 31 octobre prochain, cela fera 100 ans qu’Egon Schiele a disparu emporté par la grippe espagnole à 28 ans. A l’occasion de ce centenaire, la fondation Vuitton à Paris consacre une exposition à l’enfant terrible de la Vienne moderne jusqu’à janvier 2019. En seulement 10 ans d’activité artistique, le jeune génie expressionniste a achevé plus de 300 tableaux et 2500 dessins. D’abord influencé par Gustav Klimt et la Sécession viennoise, il évoluera ensuite vers une oeuvre plus radicale, moins policée. Ses nus comme ses portraits présentent des os saillants aux angles tranchés. Schiele capte une humanité à la fois belle et torturée, tantôt habitée par la douleur, tantôt par le vice. Sous son crayon les corps ploient, les épaules craquent, les dos se courbent et les torses se cambrent. Les femmes découvrent seins et sexes, tandis que Schiele livre sa souffrance en pâture dans des autoportraits aux airs de pantins démantibulés. Egon Schiele choque la bonne société viennoise. Ses dessins de très jeunes filles aux poses lascives sont une offense à la morale. Aujourd’hui encore, certains de ses nus qui devaient annoncer des expositions à Hambourg ou à Londres ont été censurés dans l’espace public. L’exposition à la Fondation Vuitton nous offre une nouvelle occasion de constater l’incroyable modernité et l’intensité des oeuvres d’Egon Schiele, un artiste controversé au talent fulgurant.