Lost in education
Comme en France, la crise sanitaire et les mesures gouvernementales mises en place pour l’endiguer viennent profondément bousculer l’enseignement en Allemagne. L’établissement de cours à distance pose parfois problème. Profs démunis ou plateformes défaillantes, beaucoup d’enseignements se réduisent comme peau de chagrin. Face à ces manques, seuls les élèves les plus aisés, soutenus par leur environnement familial, restent armés. Les moins favorisés se retrouvent livrés à eux-mêmes. La crise sanitaire creuse les inégalités sociales et accentue les risques de décrochage scolaire. En outre, les inégalités entre les différents Länder, régulièrement pointées du doigt en Allemagne, se retrouvent encore renforcées cette année. Comme s’il ne suffisait pas que chaque Land ait son propre calendrier, ses épreuves et ses critères de notation, cette année l’accès aux cours en présentiel, le maintien des épreuves du bac ou le choix du contrôle continu pourraient encore aggraver les disparités régionales. Cette incertitude quant à la tenue ou non des épreuves de l’Abitur angoisse les élèves. Que vaudra leur diplôme ? Quel avenir leur est promis ? Mais elle inquiète également les directeurs d’université. Les bacheliers en passe d’intégrer la fac seront-ils au niveau ? En Allemagne, le terme «Lost» s’est vu couronner mot des jeunes de l’année. Un mot très révélateur de l’état d’esprit d’une génération en perte de repères.