Vox populi
Les Etats-Unis sont un modèle de démocratie surprenant, et personne d’autre qu’Alexis de Tocqueville n’a su aussi bien cerner cette ambivalence permanente entre démocratie désordonnée voire despotique et démocratie ordonnée et morale. Depuis sa création, la société civile a su manifester son mécontentement à chaque fois que le pouvoir en place allait à l’encontre de sa volonté. On pense bien évidemment à la guerre de Sécession, à la lutte pour les droits civiques, aux critiques envers George W. Bush, ou encore au mouvement du Tea Party apparu sous Obama. Ces mouvements contestataires ont pris de nombreuses formes, mais au fil du temps, on peut distinguer des constantes. Une majorité suit les règles démocratiques et fait valoir ses droits en manifestant, en faisant pression sur ses représentants, en mettant en chansons les injustices qu’elle constate. Nous en parlons dans ce numéro. Une frange révolutionnaire décide pour sa part de passer outre les lois et remet en cause le modèle politique et économique en place. C’est, par exemple, le cas des anarchistes dont il est aussi question dans nos pages. Au lendemain de l’investiture du 45ème président des Etats-Unis, Bruce Springsteen était en tournée à Perth, en Australie. A des journalistes qui l’interrogeaient, il répondit qu’il était de tout coeur avec les milliers de manifestants qui défilaient contre les propositions de Donald Trump et que son groupe et lui faisaient désormais parti de « la nouvelle résistance ». C’est ce terme, on ne peut plus approprié, qui figure sur notre couverture.