Les évangéliques, nouveaux « conquistadores » ?
Ils étaient 21 millions en 1980, 46 millions en 1990 et de 80 à 90 millions en 2000 en Amérique Latine. La progression des évangéliques sur tout le continent est phénoménale. Au fil des décennies, le catholicisme a perdu du terrain au profit de ce mouvement transconfessionnel. Les évangéliques constituent 40% de la population au Guatemala, 25 % au Chili, 22 % au Salvador et 23 % au Brésil. Ainsi, le monde évangélique est parvenu à s'inscrire dans l’agenda politique de nombreux pays latino-américains. Par exemple, le tout nouveau maire de Rio, Marcelo Crivella, est un évêque évangélique conservateur. En Colombie, où ils sont 10 millions de fidèles, les évangéliques auraient largement pesé dans la victoire du « non » à l’accord de paix avec les FARC. Mais comment expliquer cette conquête expansive ? Le monde évangélique est très divers et regroupe de nombreux styles religieux du plus austère au plus exubérant mais il séduit de plus en plus par un discours simple, accessible et personnalisé. Avec l’appui des moyens modernes de communication : la batterie a supplanté l’orgue, la scénographie et les chants sont joyeux. 65 % des protestants évangéliques d’Amérique Latine se présentent comme chrétiens pentecôtistes. Ils prétendent réaliser des guérisons miraculeuses avec imposition des mains et avoir le don de prophétie. L’autre explication à cette progression est que la conversion s'opère individuellement, elle ne résulte pas d'un héritage religieux familial. Il s’agit alors d’un engagement militant et de faire valoir leur conception du monde en devenant acteurs institutionnels.