Le lithium, or blanc du XXIème siècle ?
Smartphones et véhicules électriques tirent leur énergie de batteries lithium-ion. Aussi, le lithium est présenté comme le pétrole du XXIe siècle, la ressource clé des prochaines décennies. Le prix de « cet or blanc » a ainsi triplé en cinq ans pour atteindre les 10 000 euros la tonne en 2017. Le marché mondial du lithium pourrait même dépasser les 40 milliards d’euros en 2022 avec la généralisation du tout électrique. L’Amérique latine abrite 70 à 80 % des réserves mondiales de lithium au coeur des « salares », ces déserts de sel, qui, sous une croûte plus ou moins épaisse, renferment une solution saline saturée en chlorure de sodium, lithium et magnésium. Les multinationales minières se sont mises en ordre de bataille, ces dernières années, avec les yeux rivés sur le dénommé « triangle du lithium », formé par les déserts de sel d’Atacama, au Chili, d’Uyuni, en Bolivie, et d’Hombre Muerto, en Argentine. Mais l’exploitation de « cet or blanc » est loin de s'offrir telle une manne miraculeuse pour la population. Trop souvent, la richesse des gisements miniers en Amérique latine s'est avérée paradoxalement comme une source de pauvreté. Le conflit pour répartir équitablement les ressources est inévitable. Que ce soit le Chili, l’Argentine ou la Bolivie chacun a fait des choix politiques différents. Ainsi, si le Chili a largement ouvert l’exploitation aux multinationales, la Bolivie, a opté quant à elle pour une nationalisation de l’extraction et de la maîtrise de l’industrialisation. Pouvoir fabriquer ses propres batteries de lithium est un véritable défi technologique que la Bolivie n’est pas encore en mesure de relever ! A la question sociale s’ajoute un problème environnemental. La production de lithium pollue les sols, consomme de grandes quantités d’eau créant la pénurie dans les communes environnantes. En aval, se pose aussi le problème des batteries usagées de nos portables. En 2020, 14000 tonnes de batteries usagées formeront des déchets fort embarrassants.