Une tragédie mexicaine
Mères, grand-mères, filles, nièces, elles étaient des milliers à défiler en novembre dernier dans les grandes villes mexicaines. Toutes en Catrina, ce personnage élégant et burlesque caractéristique de la fête des morts. Bien qu'il ne s'agisse pas d’un défilé pour célébrer « el día de los muertos » mais d’une manifestation pour dénoncer les féminicides. Ce mot a, en effet, été inventé au Mexique, pour qualifier les meurtres et disparitions quotidiennes de femmes. Jour après jour au Sud du Río Grande, près de 8 Mexicaines sont assassinées. La moitié des victimes ont entre 15 et 35 ans. Elles sont en général tuées avec la plus grande cruauté : viol, asphyxie et arme blanche. Bien que le pays soit doté d’une loi pour mettre fin aux violences contre les femmes, on assiste à une recrudescence de meurtres de femmes bien au-delà de la sphère conjugale. Il s’agit d’une violence de rue, comparable à celle pratiquée lors des guerres civiles. Et 90 % des crimes restent impunis. C’est l’une des conséquences de la surpuissance des cartels de la drogue qui ont réussi à infiltrer l’appareil de l’Etat, la police et l’administration. Autrefois, cantonné au transit, le Mexique est devenu dans les années 90, un lieu de production et de consommation de la cocaïne, détrônant la Colombie. Ainsi 2017 a été l’année la plus violente en 20 ans avec plus de 23 000 homicides. Depuis 2006, la vague de violence qui frappe le pays a fait plus de 200 000 morts et plus de 30 000 disparus. Les enlèvements, extorsions et vols ne cessent également de croître. Ainsi, un ancien responsable des opérations internationales au sein de l’agence anti-drogue constate : « le crime organisé transforme le Mexique en
cimetière ». Quelles sont les solutions pour mettre fin à cette tragédie ? Un problème majeur au coeur de la campagne présidentielle mexicaine.