La diagonale du fou
Depuis le 23 janvier, date à laquelle Juan Guaidó, président du parlement vénézuélien, s’est autoproclamé président par intérim, les yeux du monde sont rivés sur Caracas. C’est que l’enjeu de ce bras de fer entre Nicolás Maduro et son adversaire prend une dimension géopolitique. Juan Guaidó a été reconnu par plus de 40 pays et un appel à l’organisation d’élections présidentielles libres et transparentes a été lancé. Ce pays est devenu l’épicentre d’un gigantesque jeu d’échec international où les grandes puissances telles que la Chine, la Russie s’affrontent face aux Etats-Unis. Washington a imposé le 28 janvier des sanctions à la compagnie pétrolière vénézuélienne PDVSA afin de faire pression sur Caracas. La compagnie pétrolière, longtemps poumon de l’économie du pays dépend de ses exportations aux Etats-Unis. Or si les Américains produisent en grande quantité du pétrole de schiste, ils demeurent contraints d’importer du brut vénézuélien afin d’améliorer la qualité de leur diesel et kérosène. Donald Trump, tiendrait particulièrement au départ de Maduro également pour des raisons de stratégie économique. La Chine et la Russie s’intéressent tout autant à ce pays. Ainsi, en soutenant financièrement Caracas, ils s’assurent d’une présence stratégique sur le continent latino-américain. La population vénézuélienne, elle, pense plus à sa survie qu’à la politique. Ainsi, les Vénézuéliens ont perdu en moyenne 11 kilos en un an. 87% des foyers vivent en dessous du seuil de pauvreté contre 47% en 2014, plus de 80% des médicaments sont introuvables dans le pays. Selon Juan Guaidó, 250 000 Vénézuéliens risquent de mourir de malnutrition si une solution à l’impasse n’est pas trouvée rapidement.