Une paix menacée?
Après des décennies de tentatives infructueuses, le 24 novembre 2016 des accords de paix étaient enfin signés entre le président colombien Juan Manuel Santos et les Forces Armées Révolutionnaires (FARC). Aussi, ces accords signés à La Havane ont-ils été qualifiés d’historiques car ils ont mis fin au plus long conflit latino-américain : 52 ans de guerre entre paramilitaires et guérillas, 260 000 morts, 45 000 disparus, 7 millions de déplacés, et 12 000 victimes de mines antipersonnel. Or deux ans après la signature des accords, leur mise en marche peine à être concrétisée. Ainsi, une guerre invisible sévit dans les campagnes colombiennes. Des dissidents des FARC, des membres de la guérilla ELN et des paramilitaires s’y affrontent pour le contrôle de la coca. On constate en effet une hausse record de plus de 17 % du commerce de la coca en 2017 selon l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. Sur le terrain, cela se traduit par un regain de violence avec plus de 9000 personnes déplacées de force. Face à ce retour des bandes criminelles, les organisations humanitaires dénoncent une forme de désengagement de l'Etat, notamment pour aider à la réinsertion dans la société civile des anciens guérilleros, comme cela était prévu dans les accords de paix. Le nouveau président Iván Duque, élu en août 2018, se démarque de son prédécesseur. Pourfendeur des accords de paix —il avait milité pour le non au plébiscite pour la paix— il envisage de modifier les dispositions de ce qui constitue l’épine dorsale des accords de La Havane : la Juridiction Spéciale pour la Paix (JEP). La société civile est plus que jamais divisée.