Un enjeu qui n’a rien de virtuel
Depuis deux semaines, le mot «desescalada» fleurit sur toutes les lèvres de nos voisins d’outre Pyrénées. Ce terme créé pour évoquer « un déconfinement » progressif est décortiqué aux quatre coins de la péninsule en fonction de l’évolution de la pandémie. Si certains commerces ont pu rouvrir le 4 mai dernier, les écoles espagnoles en revanche resteront fermées jusqu’au mois de septembre. Mais contrairement à la France qui a annulé les épreuves du baccalauréat au profit du contrôle continu, l’Espagne maintient l’EBAU (Evaluación de Bachillerato para el Acceso a la Universidad) plus communément appelé « Selectivo ». Cet examen revêt là-bas une importance particulière, car sans lui, impossible d’accéder à l’université de son choix. Ces épreuves qui devaient normalement se dérouler début juin ont été repoussées début juillet mais avec bon nombre d’interrogations quant aux contraintes logistiques requises pour les organiser, et ce bien au-delà de la distribution de gel hydroalcoolique, des gestes barrières et des masques. Ce numéro évoque aussi le défi de l’éducation post-confinement. Selon les chiffres avancés par l’Unesco, ¾ des enfants de la planète et plus de 60 millions d’enseignants du monde se sont confrontés à la plus grande expérience pédagogique jamais connue avec la fermeture subite des établissements scolaires : l’éducation en ligne. Audelà des heurts, des inégalités et des couacs générés par cette expérience éducative massive, certains y voient aussi un formidable défi : l’avènement d’une petite révolution pédagogique. Mais comment faire pour que cet enseignement à distance ne soit pas un accélérateur des inégalités ? Le débat s’est ouvert aussi outre-Pyrénées.