L’air du temps
Chaque mois de décembre, elles sont là à nous chatouiller les narines ! De délicieuses effluves de cannelle, de chocolat, de pain d’épice, d’orange et de sapin ressuscitent notre part d’enfance. Telles des madeleines de Proust elles nous réconfortent en cette fin d’année 2020 marquée par la crainte de l’anosmie ou perte de l’odorat provoquée par la covid-19. Avec ce numéro nous vous invitons à une petite séquence d’aromathérapie, à un pot-pourri d’odeurs gourmandes qui vous conduiront de l’autre côté des Pyrénées, un cornet de churros dans une main et une tasse de chocolat chaud bien épais dans l’autre déambulant dans les rues de Madrid. A moins que vous ne préfériez flairer les amandes grillées du « turrón » d’Alicante ou celles des sujets de « mazapán » d’Andalousie ?
Mais trêve de douceurs, l’intelligence artificielle peut aussi avoir du nez ! En témoigne le pari fou du projet Odeuropa. Des chercheurs en I.A, historiens de l’art, chimistes et linguistes vont unir leurs talents durant trois ans afin de reconstituer le patrimoine olfactif de l’Europe du XVIe au XXe siècle. Ce projet interdisciplinaire consiste à étudier textes et tableaux pour rechercher de façon sémantique l’odeur qui s’en dégage. A partir des senteurs décrites, une banque de données de fragrances anciennes pourra être établie avec de nombreuses exploitations possibles : par exemple en offrant des expériences olfactives immersives dans les musées. Sachant que l’homme est capable de distinguer 1000 milliards d’odeurs différentes ne pourra-t-il pas s’enivrer de parfums d’époques à jamais révolues ?