«Los sin miedo»

De Santiago à Lima, de Guatemala City à Buenos Aires, ils sont des milliers de jeunes nés après les années 90 à battre le pavé, à manifester à coups de casseroles contre la corruption et contre un système qu’ils jugent injuste. On les a surnommés la génération «sin miedo». En effet, ils n’ont pas peur des représailles, car contrairement à leurs parents ou grands parents ils n’ont pas connu la dictature. De plus, ils sont des « natifs-digitaux » et savent user des réseaux sociaux efficacement pour appeler à la mobilisation. Si la révolte sociale liée au mécontentement de la société civile n’est pas nouvelle dans une des régions les plus inégalitaires du monde, depuis 2015 les protestations sociales ne cessent de croître en Amérique latine. L’effondrement des prix des matières premières (pétrole, cuivre, soja) a généré une brusque augmentation de la pauvreté. Ce contexte incertain a été propice au développement des mouvements évangélistes et à ceux d’extrême droite mais a aussi contribué au réveil de la jeunesse latino-américaine. Les moins de 25 ans ont ainsi été les protagonistes des récents mouvements sociaux avec une mobilisation qui a porté ses fruits. Cela a été le cas au Chili avec l’approbation d’un référendum pour remplacer la constitution héritée de Pinochet. Au Guatemala, pays rongé par la corruption et les inégalités, les manifestations de la jeunesse en cette fin d’année ont permis la suspension des coupes drastiques prévues dans les budgets en éducation et santé. En Argentine, pays perçu comme un modèle des mouvements féministes sur ce continent, la «ola verde», la marée verte pour la légalisation de l’avortement, constituée de très jeunes filles a joué un rôle clé dans l’agenda politique. Mais reste à savoir si, cette jeunesse combattante va s’engager en politique, à l’instar d'Ofelia Fernández, qui à tout juste 20 ans, est la plus jeune députée d’Amérique latine ?