Le Rocher n’est plus un caillou du Brexit
Le 31 décembre dernier, quelques heures seulement avant l’entrée en vigueur du Brexit, un accord concernant Gibraltar a été conclu in extremis entre l’Espagne et le Royaume Uni. Caillou dans la chaussure du Brexit, le sort de ce petit territoire britannique de 6,8km2 situé à la pointe sud de l’Espagne constituait un enjeu majeur pour Londres et Madrid. Le Rocher entrera ainsi d’ici 6 mois dans l’espace Schengen. Cela garantira la liberté de mouvement des personnes et la libre circulation des biens à la frontière. C’est un grand soulagement pour les Gibraltariens qui avaient voté à 96% contre le Brexit tout comme pour leurs voisins ibériques. En effet, quelques 15 000 personnes (en majorité espagnoles) franchissent chaque jour « la Verja », la minuscule frontière de 1,2 km pour aller travailler dans l’enclave britannique. Avec un régime fiscal très clément (l’impôt sur les sociétés y est faible) beaucoup d’entreprises de service comme les banques y sont installées mais aussi les grandes entreprises de jeux en ligne. Ce prospère paradis fiscal affiche le plein emploi et offre des salaires plus élevés qu’en Espagne. Les habitants du Rocher apprécient quant à eux, de se rendre en Espagne pour pratiquer leurs loisirs. Le retour d’un contrôle strict des passeports aurait aussi affecté le tourisme qui constitue une importante source de revenus à Gibraltar. Hors temps de Covid, 10 millions de visiteurs viennent chaque année passer la journée sur ce territoire. Après des siècles de tensions, cet accord bilatéral a été qualifié d’« historique » par Londres et Madrid mais il n’est que provisoire : il ne s’appliquera que quatre ans en attendant un traité entre l’Union européenne et le Royaume Uni.