VOGUE France

FLORIAN ZELLER

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Sa nouvelle pièce, Le Fils, s’annonce déjà comme un événement. L’histoire, à la fois banale et bouleversa­nte, d’un père (Yvan Attal) et d’une mère (Anne Consigny) démunis face au mal de vivre de leur fils adolescent. L’occasion de voir naître au théâtre le jeune Rod Paradot, révélation des Césars en 2016. Après La Mère et Le Père, Le Fils clôt une trilogie familiale. Une façon d’en finir avec la famille ? Je n’ai pas de «comptes» particulie­rs à régler avec la famille. Mais je trouve qu’il n’y a rien de plus dur que d’élever des enfants… Le Fils, c’est justement l’histoire d’un jeune homme de 17 ans qui ne va pas bien. Et de l’épreuve que cela représente pour ses parents… Celui qui était le prolongeme­nt de soi, de sa chair – ce petit enfant qu’on portait dans ses bras – il faut un jour accepter qu’il devienne un être autonome, différent, étrange, parfois incompréhe­nsible et insaisissa­ble… Il y a un deuil à faire pour chaque parent, et il se fait souvent de façon douloureus­e au moment de l’adolescenc­e. C’est de cette difficulté-là dont je voulais parler. «Cette pièce raconte l’histoire d’un père qui tente de sauver son fils, mais qui n’y parvient pas», ditesvous pour résumer votre pièce. D’où vous vient cette vision si sombre des rapports humains que l’on retrouve dans toutes vos pièces ? En l’occurrence, il n’y arrive pas, parce qu’on ne peut pas sauver quelqu’un d’autre que soi-même… Ce n’est pas une question d’amour. L’amour ne suffit pas. Je veux dire qu’on ne peut pas vivre à la place de ses enfants et qu’on doit fatalement accepter qu’ils aillent vers eux-mêmes, même si cela passe par beaucoup de chaos. Au fond, le plus dur pour des parents, c’est d’accepter à partir d’un moment de ne plus être responsabl­e de tout et de laisser faire la vie… Le théâtre peut-il, lui, sauver? Peut-il être le lieu de la réparation? J’ai toujours vu le théâtre comme un miroir dans lequel les gens viennent se regarder… C’est un reflet très exact de la vie des hommes. Dans ce miroir, on peut se reconnaîtr­e, s’en amuser ou s’en émouvoir, et ainsi tenter de mieux se comprendre… Mais ce qui me touche, c’est que chacun entre dans une salle de théâtre avec sa propre histoire. Personne ne résonne de la même façon. Mais il y a quelque chose qui se partage entre tous : c’est l’émotion. Et ça, c’est puissant. On vous doit la toute dernière apparition de Robert Hirsch, merveilleu­x dans Avant de s’envoler. Avec Le Fils, Rod Paradot fera ses premiers pas au théâtre. C’est très émouvant… C’est vrai. Et curieuseme­nt, je trouve qu’ils se ressemblen­t… Robert Hirsch avait une façon si singulière d’être en scène: sa façon de bouger, de parler et d’être là était aussi étrange que magique. Il a joué pendant trois ans Le Père, ça a été pour moi un immense cadeau. Dans cette nouvelle pièce, pour le personnage du fils, je cherchais quelqu’un de très intense en face d’Yvan Attal, mais ce n’était pas facile, et nous avons dû rencontrer beaucoup de jeunes acteurs… Et puis un jour, Rod Paradot est entré dans la salle. Il était extrêmemen­t stressé parce qu’il n’a jamais fait de théâtre. Pourtant, comme Robert Hirsch, dès qu’il se met à jouer, il est impossible de ne pas être captivé par la force de sa présence… Il est tout simplement bouleversa­nt. Le Fils, de Florian Zeller, mise en scène de Ladislas Chollat à la Comédie des Champs-Élysées.

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